NICOLAS GOGOL
NOUVELLES DE PETERSBOURG
LE NEZ
I.Résumé et Structure du récit
A. Résumé
Un récit conçu en deux parties :
1. Le 25 mars, le coiffeur Ivan Iakovlévitch découvre un nez dans le petit pain qu’il s’apprête à manger avec délice en se levant le matin. Sa mère le couvre d’invectives l’accusant d’avoir coupé le nez de quelqu’un et menaçant de le dénoncer tandis qu’ilreconnaît dans ce nez celui de l’assesseur de collège Kovaliov. Inquiet, voyant des dangers partout, il va finalement le jeter dans la Néva mais un officier de police avisé a vu son geste et l’interroge sans qu’on puisse véritablement savoir comment l’interrogatoire va se terminer.
2. L’assesseur de collège Koliakov se réveille assez tôt un matin et , sans être encore sorti de son lit, se regardantdans un petit miroir pour enlever un bouton qu’il avait sur le nez, il se rend compte qu’il n’a plus de nez. Il se précipite donc chez le maître de police.
B. Construction du récit
* Une structure en deux parties dont on a du mal à voir la profonde cohérence logique.
* D’une part, c’est par Ivan Iakovlévitch que l’on découvre le nez et ce nez est reconnu par lui, donc par un tiers(« digne de foi » ?) comme celui de Koliakov. D’autre part, il est vrai aussi que le personnage du coiffeur se retrouve à la fin en train de raser Koliakov et de lui saisir le nez : on a donc une construction circulaire qui place Ivan Iakovlévitch au début et à la fin de la nouvelle.
* Mais d’un autre côté, cet Ivan Iakovlévitch n’apparaît pas indispensable au premier abord à la compréhensionpremière de la nouvelle. On aurait pu en effet commencer directement par l’assesseur de collège Koliakov et l’histoire aurait été compréhensible.
C’est donc que cette structure en deux parties répond à d’autres préoccupations et à d’autres motifs.
* Et d’abord, la première partie.
* Un récit qui se construit en apparence de manière classique :
* élémentsspatiaux temporels permettant la détermination presque absolue des événements :
* 25 mars le matin d’assez bonne heure
* perspective Voznéssensky
* multiplication des éléments « réalistes » :
* évocation du souvenir perdu du nom de famille
* petit déjeuner
* convenances sociales
* évocation sous-jacente de la double fonction dubarbier : qui coiffe et pratique les saignées…
* Pourtant des éléments apparaissent qui déstabilisent la construction classique de la nouvelle:
* l’inscription en apparence anodine sur l’enseigne (« on saigne aussi »)
* l’incongruité de la découverte d’un nez
* l’accusation incongrue de sa femme : n’est-ce pas elle qui a cuit les pains ?
*l’acceptation par Ivan Iakovlévitch de cette accusation comme plausible
* le sentiment de culpabilité envahissant d’Ivan Iakovlévitch.
* Même le narrateur s’en mêle : » je me sens quelque peu coupable de n’avoir rien dit de .. ». Tout cela pour peu à peu laisser entrevoir une réalité derrière les apparences affirmées qui sera à l’opposé de ces apparences.
* Ainsi on se rendracompte d’un mécanisme d’inversion totale concernant Ivan Iakovlévitch.
* On notera aussi que la « remarque » du narrateur permet d’introduire un délire à partir de l’odeur des mains de Ivan Iakovlévitch.
* La deuxième partie
* Un récit au passé
II. Les thèmes
* La culpabilité
* Le ridicule
* l’absurde
III. Les personnages
A.Ivan IakovlévitchIvan Iakovlévitch est le personnage par lequel commence la nouvelle, c’est aussi celui qui découvre le nez de Koliakov et qui va s’en débarrasser dans la Néva de peur d’être accusé. Mais c’est aussi celui que l’on retrouve à la fin de la nouvelle, en train de raser Koliakov et soudain prenant conscience qu’il ne fallait peut-être pas tenir l’assesseur de collège par le nez comme il en avait…