Chapitre 1 : problèmes de définition, questions de pouvoir
de Paola TABET
Paru aux éditions de l’Harmattan en 2004
– Pourquoi utiliser le terme d’échange économico-sexuel et pas le terme prostitution ? Paola Tabet donne une première réponse rapide :la prostitution a un sens trop étroit par rapport à ce qu’elle étudie; a une connotation morale négative; est un terme galvaudé, tout le mondecroit en connaître le sens apriori hors cette définition s’appuie sur le sens commun qui tient la prostitution pour anhistorique, immuable : «le plus vieux métier du monde »
La prostitution est un stigmate (on est soit mère soit putain) et donc une menace constante pour les femmes.
La menace du stigmate de putain agit comme un fouet qui maintient l’humanité femelle dansun état de pure subordination. Tant que durera la brulure de ce fouet, la libération des femmes sera un échec. (Pheterson, 2001: 129 cité par Tabet, 2004 : 8)
– Le champ d’investigation:les relation hétérosexuelle impliquant une compensation allant toujours dans le même sens (de la part des femmes: fourniture d’un service se référant à la sexualité; de la part des hommes : remise d’unecompensation)
Elle s’appuie sur les travaux de différents ethnologue, principalement sur des terrains africains.
1) Le continuum de l’échange économico-sexuel
Le continuum se pose différemment suivant la place occupé dans l’échange:
Hommes : dans la plupart des sociétés il existe une tolérance ou une normalité dans la pratique de rapports sexuels nombreux et/ou simultanés.
Femmes : lessituation sont plus diverses, dans de nombreuses cultures les femmes ne sont pas fixés dans des catégories permanente liées à leurs sexualités mais plutôt le passage d’une forme, d’une catégorie à une autre.
Ex : sous l’ère victorienne, la possibilités pour les jeunes filles pauvres de circuler d’une catégorie à une autre (relations prostitutionnelles, unions libre, mariages,…) a peu à peu disparueavec le fichage des femmes prostituées dû aux lois de répression des maladies vénériennes, de là la création de la catégorie fixe de prostituées, l’isolation de celle-ci, leur vulnérabilisation et le passage à un commerce de plus en plus géré par les hommes et non plus par les femmes elles même. « De travail temporaire avant l’application des lois, la prostitution devint une condition, les femmesqui l’exerçaient une catégorie délimitée, définitive, ghettoïsée »
Ce passage de forme de relation à d’autre pousse E.Ardener à reformuler et parle ainsi de « perios-de conjugale ».
b. l’aspect temporel
Tabet insiste sur les clichés qui nous habitent et nous font penser les relations soit sur le long terme (mariage) soit sur le court terme (occasionnel) : il existe pourtant un entredeux, définis suivant les sociétés de mariage ou de prostitution
ex : les différents type de mariage chez les Amharas d’Ethiopie : le mariage religieux indissolvable; le mariage contractuel civil avec possibilité de divorce facile; le mariage contre compensation ou salaire qui est temporaire et de durée définie (le plus souvent un mois mais pouvant varié d’une semaine à un an), la rémunérationfait objet d’une négociation, la femme assure l’ensemble des services sexuels et domestique d’une épouse
Dirasse, auteur de l’enquête, qualifiera ce dernier type de mariage d’ « épousailles publiques »
c.Les prestations et l’aspect économique : du don au tarif
ex : E.Mandeville décrit le système des paying lover, en Ouganda, qui sont les recours quasi obligatoire des femmes qui viventseules en ville. Ces relations ne sont pas definis comme de la prostitution car il y a de l’affection échangée dans la relation et le don d’argent est considéré comme normal.
P. Tabet reprend les travaux d’ Ardener, qui observait la prostitution chez les Bakweri et qui explique que les relations prostituée- client ne sont pas anonyme et impersonnelle, par exemple la prostituée prépare le…