À propos de ma rencontre avec la fille cent pour cent parfaite par un beau matin d’avril

Introduction

S’étalant sur presqu’une vingtaine de siècles d’écrits, la littérature japonaise est à elle seule un monde vaste, unique, aux couleurs et reflets multiples : on y retrouve des œuvres qui parfois datent de périodes ancestrales, tout comme elles se révèlent d’autres fois le fruit de notre époque. Quelques écrivains japonais contemporains sont même reconnus internationalement; ondonnera l’exemple d’Haruki Murakami, auteurs de nouvelles et de romans d’une brillance remarquable.
Un de ses recueils particulièrement réussi, intitulé L’éléphant s’évapore, regroupe dix-sept nouvelles enlevantes, où s’entrelacent le réel et l’imaginaire, le rêve et la réalité. Or on retrouve, entre toutes ces histoires, un récit particulièrement touchant : À propos de ma rencontre avec la fillecent pour cent parfaite par un beau matin d’avril décrit avec brio la beauté cruelle d’un amour parfait mais impossible.
Au cours de ce travail sera alors analysée cette nouvelle. On s’attardera en premier lieu sur le contenu de celle-ci en s’intéressant à certains de ses thèmes pour ensuite approfondir l’organisation du texte; finalement, il s’agira de s’arrêter sur le point de vue du récit.1. Contenu : le thème de l’amour perdu (voir annexe I)
Un des thèmes que l’on retrouve dans cette nouvelle est celui de l’amour perdu, lequel prend forme entre le protagoniste et la femme qu’il croise, ainsi qu’entre les deux personnages du second récit qu’il invente.
Tout d’abord, on assiste à l’éveil presqu’instantané d’un amour puissant chez le protagoniste pour celle qu’il ne fait pourtantqu’apercevoir : Et pourtant, cinquante mètres avant de la croiser, je savais déjà. Je savais qu’elle était la fille cent pour cent parfaite pour moi1. Le destin nous semble avoir réuni deux êtres complémentaires (aléas du destin, pareille rencontre, doux secret, machinerie ancienne datant d’une époque où le monde vivait en paix2).
Cependant, il devient évident que cette passion, aussi vraie etbelle soit-elle, ne restera qu’illusoire; on sent que le personnage principal désire retenir celle qu’il aime, mais qu’il se résigne en croyant ses idées invraisemblables (Ridicule, presqu’aussi ridicule, ça ne marcherait pas, impossible3). De surcroît, ses regrets, qu’on perçoit aisément, le démontrent : J’aurais aimé discuter avec elle, ne serait-ce qu’une demi-heure4. Il comprend par conséquentqu’il l’a perdue, que jamais plus la chance de la revoir ne se représentera, et cette perte se trouve bien illustrée par cet extrait, où leur existence se délie complètement et définitivement, coupée par une cloison représentée par la foule : Je me suis retourné au bout de quelques pas, elle avait déjà disparu dans la foule5.
En outre, dans le récit secondaire que le narrateur principal inventeet raconte suite à la rencontre qu’il a vécue, on retrouve derechef un amour puissant et profond entre deux personnages (ils n’étaient plus seuls au monde. Ils avaient trouvé leur moitié cent pour cent parfaite. C’était vraiment merveilleux. Un miracle cosmique6) qui se perd encore une fois suite à une séparation qui n’aurait du avoir lieu :
Et ils se séparèrent. L’un partit vers l’est, l’autrevers l’ouest. Cette épreuve, cependant, était absolument inutile, car ils étaient vraiment cent pour cent parfaits l’un pour l’autre, et leur rencontre avait été un vrai miracle. Mais ils étaient trop jeunes pour le comprendre, et les vagues indifférentes du destin les ballottèrent à leur gré7.
1 À propos de ma rencontre avec la fille cent pour cent parfaite par un beau matin d’avril, lignes 7 à9
2 «  », lignes 46-47, 49 à 52
3 «  », lignes 66, 69, 75, 91
4 «  », lignes 43-44
5 «  », lignes 99-100
6 «  », lignes 141 à 144
7 «  », lignes 168 à 176

Et quoiqu’ils se retrouvent plusieurs années plus tard, leur mémoire ayant été effacée, ils ne font que se croiser, retrouvant l’espace d’un instant cet amour oublié avant de le voir s’évanouir à jamais, comme on peut le constater dans le passage…