Didactique du français. Analyse de l’image fixe.
La photographie, dans les années trente, a tenu un rôle capital. Ce moyen d’expression a si bien traduit, au cours des premières décennies du XXème siècle, et jusqu’à nos jours, l’évolution de l’esthétique que la vision de l’homme contemporain est devenue en quelque sorte « photographique ». Au cours des années dix, l’utilisation de laphotographie dans la presse n’est pas généralisée. Dans les années vingt elle l’investit peu à peu, aux dépens du dessin, et tient une place prépondérante au sein des périodiques dont le nombre ne cesse d’augmenter jusqu’en 1934 ainsi que dans l’accroissement sensible du tirage des quotidiens. « L’importance de ce phénomène est essentielle : l’influence des hebdos d’information illustrés […] fut sansdoute décisive sur le comportement social et culturel des masses, peut être aussi sur leurs attitudes politiques. » (cf
Pierre Albert). A la fin des années vingt et tout au long des années trente, la presse d’information générale augmente considérablement sa diffusion face à un public qui s’intéresse chaque jour un peu plus à l’actualité immédiate et internationale. La presse illustrée répond àcette demande en multipliant le nombre de photographies dans ses colonnes, surtout dans les quotidiens du soir (Paris-Soir, L’intransigeant, Ce Soir) et en créant une nouvelle presse périodique à la mise en pages moderne et créative, dans laquelle prime la photographie (Vu, Voilà, Regards, Match) : « Désormais, dans certains quotidiens et magazines, la photographie prend une importance considérable ettend même à minimiser le texte qui n’est plus parfois qu’une légende plus ou moins développée de l’image. Avec l’illustration photographique, cette presse communique davantage avec ses lecteurs auxquels elle offre les documents les plus récents et les plus rares. Son but étant bien sûr d’accroître ses tirages, en étonnant, séduisant, et convainquant le mieux possible ses lecteurs. Cetteaugmentation progressive de la photographie dans la presse va de pair avec l’évolution des techniques de reproduction (typographie, héliogravure, offset) qui permettent désormais d’imprimer simultanément, et à moindre coût, le texte et l’image. » (cf Françoise Denoyelle).
Ainsi, dès les premiers jours du soulèvement franquiste contre la République espagnole, la presse française dépêche un nombreimpressionnant de journalistes et de photographes dans la Péninsule en affrétant des avions spéciaux. Un déluge d’images envahit les unes des journaux et les couvertures des magazines.
Cette guerre civile espagnole marque une révolution dans l’histoire de la presse illustrée. Les envoyés spéciaux tel que Robert Capa (Endre Ernõ Friedmann) captent les moments décisifs du conflit en prenant des clichésdont certains deviendront mythiques. Ils bravent une censure impitoyable et risquent leur vie en se rendant sur les différents fronts. Des appareils modernes comme le Leica ou le Rolleiflex leur permettent d’être au cœur de l’action. Certaines photographies connaissent une diffusion mondiale et contribuent à théâtraliser le conflit et ses enjeux.
Robert Capa et sa compagne Gerda Taro, pensent qu’ilest absolument vital de se servir de la photographie pour gagner un soutien mondial à la République espagnole et à la cause antifasciste. Une opportunité se présente deux semaines après le début de la guerre. Le propriétaire de la prestigieuse revue photographique française Vu demande à Capa et Taro de se joindre à un groupe de journalistes qui vont à Barcelone. Les photographie de ce dernierrévèle son extrême empathie envers un peuple qui souffre. « Réunion pour la distribution de terres » à Estrémadure est un de ses clichés où Capa esthétise le malheur.
Sur cet instantané noir et blanc, nous pouvons observer les visages de femmes et d’enfants entassés. Certaines têtes sont tronquées, d’autres sont révélées par la lumière, enfin certaines sont à peine perceptible.
Nous pouvons…