Commentaire : Vous ferez un commentaire composé de la fable de La Fontaine Les Deux Coqs, vous pourrez par exemple montrer qu’à travers un récit héroï-comique soigneusement construit, l’auteur met en scène la toute puissance du hasard.
Les Deux Coqs est une fable de Jean de La Fontaine, publiée en 1678 dans son livre VII (recueil de fable). A travers un court récit et en jouant sur lestonalités épiques et comiques, elle met en évidence la puissance du hasard et de la fatalité et l’inutilité des actions des personnages face à leur destin. Nous pourrons nous intéresser aux caractéristiques de la fable dans la construction et le thème de ce texte, puis au registre héroï-comique et enfin à la puissance du hasard illustrée par l’histoire.
On reconnaît que ce texte est une fable grâce àplusieurs indices. Tout d’abord, il est divisé en plusieurs parties caractéristiques d’une fiction narrative. La situation est présentée dans les deux premiers vers : « Deux coqs vivaient en paix ; une poule survint, / Et voilà la guerre allumée. ». On voit ici, la situation initiale des deux coqs, puis l’arrivée d’un élément perturbateur, « une poule », et sa conséquence, « la guerre ». Il s’ensuit, du vers 3 au vers 11, la description du combat des deux coqs et la nouvelle situation qui en résulte : un « vainqueur » (v 10) et un « vaincu » (v 10). A partir de là, commence une seconde partie qui va du vers 10 au vers 28. Elle peut se diviser en plusieurs morceaux. Tout d’abord, une nouvelle situation initiale est exprimée par la description du coq « vaincu » (v 11 à 18) et du coq «vainqueur » (v 19 à 20) et de leurs sentiments respectifs. Puis, cette situation se trouve bouleversée par un nouvel élément perturbateur, le vautour qui la renverse et nous amène enfin à la situation finale décrite des vers 24 à 28. Ce schéma narratif est caractéristique d’une fable ou d’un conte car il présente une histoire simplifiée au maximum.
De plus, ce texte est écrit en vers, mais il nerespecte pas les conventions poétiques du XVIIe siècle. En effet, tous les vers ne sont pas des alexandrins, on reconnaît aussi des octosyllabes comme « Et voilà la guerre allumée » (v 2), et un décasyllabe au vers 20 : « s’alla percher et chanter sa victoire », et on ne perçoit aucune régularité dans la versification. Ce texte n’est pas non plus divisé en strophes, les vers se suivent sans coupure dudébut à la fin, on remarque même plusieurs enjambements tels « Amour tu perdis Troie ; et c’est de toi que vint / Cette querelle envenimée » (v 3 et 4) ou « Plus d’une Hélène au beau plumage / fut le prix du vainqueur » (v 9 et 10), ce qui était rare dans la poésie de l’époque. Ces écarts avec la norme poétique classique montrent bien que ce récit est une fable. En effet, celles-ci ne sont pasvéritablement considérées comme des poèmes et ne suivent donc pas les mêmes critères d’écriture.
Enfin, le récit est ici allégorique, et a un but moralisateur ce qui est caractéristique de la fable. En effet, les personnages sont des animaux mais représentent en réalité des humains. Les poules sont d’ailleurs souvent humanisées, tout d’abord grâce aux périphrases « La gent qui porte crête » (v 8)où un vocabulaire humain « gent » désigne des animaux, et « Hélène au beau plumage » (v 9), ici, les poules sont comparées à une femme célèbre de l’antiquité « Hélène ». Au vers 28, le nom « femmes » se substitue même au nom poule, ce qui caractérise une totale humanisation de ces animaux. On prête d’ailleurs au coqs des sentiments humains tels que l’ « Amour » (v 3), la « haine » (v 15), ou le« courage » (v 15). Enfin le vers 30 « Tout vainqueur insolent à sa perte travaille » exprime la morale de la fable grâce au déterminant « Tout » qui généralise le sort du coq vainqueur. Il est suivi de conseils donnés aux lecteurs : « Défions-nous du sort et prenons garde à nous / après le gain d’une bataille » qui amplifient ce côté moralisateur en indiquant une conduite à tenir, grâce à…