… choukaa
Une argumentation est jugée bonne ou mauvaise selon que les prémisses sont acceptables (logiquement ou consensuellement) et qu’elles sont jugées suffisantes pour soutenir laconclusion. Lorsqu’une argumentation n’est pas conforme à ce cadre normatif ou à certaines règles d’inférence logique, elle sera qualifiée de paralogisme (en anglais, on parle de fallacy).
Une argumentationpeut, par ailleurs, être convaincante ou non pour tel ou tel public (auditoire, selon l’ancienne rhétorique). Plusieurs facteurs peuvent faire en sorte qu’une bonne argumentation ne convainque pasquelqu’un (préjugés, intérêt personnel, manque de connaissance du domaine, aveuglement passionnel, impertinence, etc.). Ces mêmes facteurs peuvent également faire en sorte qu’une mauvaise argumentationconvainque néanmoins quelqu’un ; c’est ce qu’avait déjà observé Aristote dans les Topiques et les Réfutations sophistiques.
Selon Chaïm Perelman (Traité de l’argumentation, écrit en collaboration avecLucie Olbrecht-Tyteca, 1959), l’argumentation est la manière de présenter et de disposer des arguments (raisonnements ou raisons avancées n’ayant pas valeur de preuve mais qui s’imposent à tout êtreraisonnables) à l’appui d’une thèse ou contre celle-ci, en vue d’obtenir l’adhésion par consentement d’un auditoire. Elle se démarque de la démonstration qui repose sur des faits, lesquels emportentl’adhésion par contrainte d’un auditoire. La démonstration est monologique, elle est un enchaînement nécessaire de propositions, le parangon étant la démonstration mathématique, là où l’argumentation estdialogique, raisonne sur du probable, et donc ouverte à la réfutation.
La distinction argumentation/démonstration, qui identifierait la démonstration au raisonnement scientifique est fragilisée. Quecela soit dans le cadre de l’épistémologie de Karl Popper ou de Thomas Kuhn, la science se caractérise par la remise en cause de ses propositions – cette remise en cause pouvant être graduelle…