Les réglements d’après guerre et la rébellion des arabes

– CHAPITRE III –

LES REGLEMENTS D’APRÈS-GUERRE ET LA RÉBELLION DES ARABES CONTRE LEURS NOUVEAUX TUTEURS ANGLO-FRANÇAIS
DANS LES ANNÉES 1920

Les armistices de Moudros et de Rethondes à peine signés les 30 octobre et
11 novembre 1918, les quatre grands vainqueurs de la Première Guerre mondiale _ soient la Grande-Bretagne, la France, les États-Unis et l’Italie _annoncent leur intention de se réunir au plus vite dans le cadre d’une première conférence de paix convoquée pour le 18 janvier 1919 à Paris. L’objectif des Alliés est alors d’élaborer le futur traité de paix imposé a l’Allemagne. De plus, le président américain Thomas Woodrow Wilson entend profiter de la conférence de Paris pour poser les fondements d’une Organisation internationale censée favoriser denouveaux rapports entres les États et empêcher tout retour d’une folie meurtrière. Dans le même temps, Wilson mais également le Premier ministre britannique David Lloyd George, le Président français du Conseil Georges Clémenceau et le Président italien du Conseil Vittorio Orlando annoncent leur intention de prêter une oreille attentive aux revendications formulées par les délégations de 32 autresÉtats également invités à la conférence de Paris. D’autre part, et non sans une certaine hypocrisie de la part de la France et de l’Angleterre, les territoires arabes récemment libérés de la domination ottomane sont également autorisés à envoyer des délégués pour présenter leurs doléances. Pour sa part, déterminé à ne pas voir les accords Sykes-Picot appliqués, le chérif Hussein, désormais roi duHedjaz, choisit son fils Fayçal pour représenter les Arabes à la conférence de Paris et plaider leur cause, c’est-à-dire concrétiser leur rêve d’indépendance. De son côté, le représentant britannique Chaïm Weizmann est désigné par les siens pour se rendre aussi à la conférence de Paris et obtenir l’aval des Alliés pour construire « un foyer national juif » en Palestine conformément à la promessedonnée par lord Balfour à Lionel Rothschild, le 2 novembre 1917.

De son côté, animé par un esprit de croisade pour la démocratie et pour la paix éternelle (on parle alors de l’idéal wilsonien), le président démocrate Thomas Woodrow Wilson prévient ses futurs interlocuteurs franco-anglo-italien de sa volonté de faire prévaloir ses idées défendues une première fois dans un discours prononcé le17 janvier 1917 (cf votre chapitre II, p5) puis réitérées en Quatorze Points dans un second discours prononcé, cette fois, le 8 janvier 1918 et dans lequel Wilson vient d’engager les puissances à « renoncer à la diplomatie secrète » (…) à « réduire leur armement » (…) à encourager «le développement autonome des peuples non turcs de l’Empire ottoman » (…) et à favoriser « la création d’une Sociétédes Nations ». Loin de partager l’idéal wilsonien et encore moins prêts à renoncer à leurs prétentions sur les territoires arabes, Lloyd George et Clémenceau s’abstiennent toutefois de répondre au président américain avant son arrivée à Paris.

Conscient de l’enjeu de la conférence de Paris, l’émir Fayçal débarque à Marseille dès le 26 novembre 1918. Flanqué de dignitaires syriens et deNouri Saïd, ex-officier irakien devenu commandant de troupes bédouines pendant la Révolte arabe, le prince Fayçal gagne Londres le 10 décembre suivant et retrouve son cher ami Lawrence. Briefé par ce dernier, il rencontre alors le ministre britannique des Affaires étrangères Arthur Balfour le 12 décembre 1918 et lui affirme être prêt à défendre la Syrie les armes à la main pour empêcher les Françaisde débarquer à Damas. Les jours suivants, Lawrence et Fayçal rédigent ensemble un document de travail pour permettre à ce dernier de réussir sa plaidoirie prévue devant les Alliés à la conférence de Paris. Inspiré de l’idéal wilsonien, ce mémorandum insiste alors sur l’unité de la Nation arabe et rappelle le sacrifice offert par ses fils dans la révolte menée du Hedjaz en Syrie pour reconquérir…