Quel mal ?

D’abord, de quel mal s’agit-il ? Car il y a plusieurs sortes de mal :
le mal métaphysique : il concerne la constitution du monde, l’arrangement des choses et des événements dans le monde. Enl’occurrence, il s’agit de l’imperfection du monde.
le mal moral : il qualifie l’action des hommes, et plus particulièrement, l’action non conforme à ce qu’il est « bien  » de faire (= action non conforme à la »loi morale « ). Péché, crime.
le mal physique : qualifie les sentiments des hommes, face à la fois au mal moral et au mal métaphysique : souffrance, tristesse, misère…
Il s’agit bien entendu, dansnotre question, du mal en un sens moral, puisqu’il s’agit de l’action de l’homme. Le mal est ce qui s’oppose au bien moral, à l’exigence de la loi morale.Le terme de « vouloir  » renvoie à la volonté, auprincipe de l’action et/ ou du choix de ces principes. Elle suppose la conscience et la liberté. Si je veux quelque chose c’est que j’en décide librement, rien (c’est-à-dire : ni les passions, nil’inconscient, ni l’ignorance ne peut en être l’origine) ni personne ne m’y a poussé. La question de savoir si on peut vouloir le mal signifie donc : peut-on faire le mal en connaissance de cause,librement, en sachant que ce que l’on fait est mal ? Ou bien ne fait-on le mal que par aveuglement, à cause des passions, ou de notre histoire passée, en n’ayant pas vraiment conscience de faire le mal ? Etelle sous-entend qu’il paraît impossible de vouloir faire le mal, de faire le mal en sachant que c’est le mal, de faire le mal pour faire le mal. Et évidemment, elle présuppose encore que la thèseselon laquelle on pourrait vouloir faire le mal, est à la fois incompréhensible, et insupportable.L’enjeu est important, car selon la réponse à la question, nous serons menés à admettre qu’il y a deshommes inhumains, ou bien que l’homme n’est pas ce qu’on croyait. Fait-on le mal parce que l’on est essentiellement un « méchant « , un pervers, un monstre, un démon ? Y a-t-il une volonté diabolique…