Renaissance

La Renaissance – L’affirmation du français (XVIe siècle)
Le XVIe siècle fut celui de la Renaissance. Au plan des idées, en dépit des guerres d’Italie et des guerres de religion qui ravagèrent la France tout au long du siècle, le pays vécut une période d’exaltation sans précédent: le développement de l’imprimerie (inventée au siècle précédent), la fascination pour l’Italie, et l’intérêt pour lestextes de l’Antiquité, les nouvelles inventions, la découverte de l’Amérique, etc., ouvrirent une ère de prospérité pour l’aristocratie et la bourgeoisie. Pendant que la monarchie consolidait son pouvoir et que la bourgeoisie s’enrichissait, le peuple croupissait dans la misère et ignorait tout des fastes de la Renaissance.

1 La prépondérance de l’Italie

Le XVIe siècle fut marqué par laprépondérance de l’Italie dans presque tous les domaines en raison de sa richesse économique, sa puissance militaire, son avance technologique et scientifique, sa suprématie culturelle, etc. Aussi, n’est-il pas surprenant que les Français aient été fascinés par ce pays et qu’ils aient cédé à une vague d’italomanie, que la langue reflète encore aujourd’hui.
1.1 Les conflits
À peine maîtres de leurroyaume unifié, les rois de France se lancèrent dans les conquêtes extérieures: les guerres d’Italie s’étalèrent de 1494 à 1559. À l’origine, ces conflits mirent en scène le roi de France, qui voulait faire valoir ses droits sur les royaumes de Naples et du Milanais, mais on peut penser aussi que les Français furent attirés par les richesses et la civilisation brillante d’au-delà des Alpes, alorsqu’ils accusaient un net retard économique et culturel sur l’Italie, une séquelle de la guerre de Cent Ans (1337-1453). Mais le conflit s’élargit et l’Italie devint le théâtre de rivalités entre la France de François Ier et l’empereur romain germanique, Charles-Quint (1500-1558), qui était en même temps roi d’Espagne.
Les conflits finirent par s’atténuer entre Français et Italiens au point que descontacts étroits et pacifiques s’établirent. De nombreux Italiens vinrent vivre à la cour du roi de France et les mariages diplomatiques, comme celui de Catherine de Médicis avec Henri II, amenèrent à la cour des intellectuels, des artistes et des scientifiques italiens. Régente de France pendant près de vingt ans, Catherine de Médicis sut régner avec une poigne de fer et favorisa le développementdes arts… italiens en France. La cour de France se raffina en s’italianisant.
Au moment de la Renaissance, l’Italie avait tout pour exercer une très grande fascination sur les Français; elle était en avance sur tous les plans: économique, militaire, culturel, etc. Le grammairien Ferdinand Brunot (cité par Bartina Harmina WIND dans Les mots italiens introduits en France au XVIe siècle, Deventer,AE. E. Kluwer, 1928, p. 26) décrit ainsi cette fascination de l’Italie sur l’Europe:
|Au XVIe siècle, l’Italie domine intellectuellement le monde; elle le charme, l’attire, l’instruit, elle est |
|éducatrice. N’y eût-il ni guerres d’Italie, ni contact avec les populations d’au-delà des Alpes, ni mariages |
|italiens à la cour de France, que l’ascendant de l’art, de la science, de lacivilisation italienne se fût |
|néanmoins imposé. |

De fait, la cour de France s’exprimait autant en italien qu’en «françois», car des centaines de courtisans étaient d’origine italienne et avaient adopté les usages italiens, que ce soit la mode, les arts, la musique, l’alimentation, etc.
1.2 Lesitalianismes
L’influence culturelle de l’Italie se refléta nécessairement dans la langue française au moyen des emprunts. Des milliers de mots italiens pénétrèrent le français, notamment des termes relatifs à la guerre (canon, alarme, escalade, cartouche, etc.), à la finance (banqueroute, crédit, trafic, etc.), aux moeurs (courtisan, disgrâce, caresse, escapade, etc.), à la peinture (coloris,…