Par une humanisation nécessaire d’Adolf Hitler, Éric-Emmanuel Schmitt montre que le monde aurait pu être tout autre et que chacun de nous renferme un Hitleren puissance, une possibilité de faire le mal. Cette part que la plupart des hommes cache sans cesse, refoule, est considérée ici comme un prélude à la guerre,à la mort.
L’auteur en abordant cette réflexion essaie de comprendre sans justifier pour ne plus revoir un tel drame sur notre planète. Dans le livre, ontrouve l’expression « La part de l’autre » dans une lettre qu’écrit Adolf H. à Sœur Lucie : « J’admets la part de l’autre dans la constitution de mon destin » (p.247) ; ainsi, cette lettre fait allusion a l’opinion d’autrui qui permet à Adolf H., comme l’avait fait auparavant Freud, de se rendre compte de ses qualitéset de ses défauts, et grâce à cela, de progresser et de s’éloigner peu à peu de la part de lui même qui l’aurait emmené à devenir Hitler.
Le styled’écriture, alternant sèchement le récit de la vie des deux personnages, Hitler (historique) et Adolf H. (imaginé par l’auteur) rehausse le malaise qui se fait à chaqueinstant plus palpable : le dictateur Hitler est une évolution possible existant chez tout être humain. C’est là un des messages de l’auteur : rien n’est jamaisjoué, chaque homme décide à chaque moment de l’orientation de sa vie. Cette thèse s’approche de l’existentialisme de Jean-Paul Sartre, qui considère lui-aussique les hommes se réinventent perpétuellement.
À rapprocher d’un autre exercice uchronique intéressant fait par Norman Spinrad en 1972 : Rêve de fer.