Tytr

tout frissonnant d’ amour, d’ extases, de splendeurs,
l’ hymne universel chante au fond des profondeurs
avec toutes les fleurs et toutes les étoiles ;
il chante Dieu rêvant sous les flamboyantsvoiles ;
il chante ; il est superbe, éclatant, triomphant,
doux comme un nid d’ oiseau dans la main d’ un enfant ;
il enivre l’ azur, il éblouit l’ espace ;
il adore et bénit. Tout à coup Satanpasse,
l’ être immonde qui cherche à tout prostituer,
et l’ hymne en le voyant se met à le huer.
Il le lapide avec sa joie interrompue ;
ce qui bénissait mord ; ce qui louait conspue ;
le tonnerreindigné gronde dans l’ hosanna ;
le pilori se dresse au sommet du Sina ;
chaque strophe du chant de gloire et d’ harmonie
prend forme, se fait homme, est prophète, est génie,
et devient le bourreausplendide du méchant.
De là naît Isaïe, âme à double tranchant,
de là naissent les grands vengeurs, les rêveurs fauves,
les pâles Juvénals, terreur des Césars chauves,
et ce Dante effrayant devantqui tout s’ enfuit,
fait d’ une ombre qu’ on sent de marbre dans la nuit.
a terre par moments doute ; on ne comprend plus.
L’ homme a devant les yeux de la brume, un reflux,
on ne sait quoi depâle et de crépusculaire ;
on n’ a plus d’ allégresse, on n’ a plus de colère ;
la disparition produit l’ effarement.
L’ oeil fauve du hibou regarde affreusement.
Toutes sortes d’ éclairsinexplicables brillent.
L’ autel penche, et les vers du sépulcre y fourmillent.
Tout se mêle ; Irmensul ressemble à Jéhovah ;
le sage stupéfait balbutie et s’ en va ;
le mal semble identique au bien dans lapénombre ;
on ne voit que le pied de l’ échelle du Nombre
et l’ on n’ ose monter vers l’ obscur infini.
Dodone vaguement parle à Gethsémani,
l’ Oeta fume non loin du Sinaï qui tonne ;
on fouille,on rêve, on nie, on querelle, on s’ étonne ;
des aveugles entr’ eux se montrent le chemin ;
le divin ciel a tort devant l’ esprit humain ;
le penseur est croyant, le savant est athée ;
la…