Etat et bonheur

Sujet : Aucune espèce d’Etat ne peut garantir le bonheur de qui que ce soit. (André Malraux)

Le monde connaît actuellement une crise financière et économique et les sociétés réclament de tous côtés, des interventions de l’Etat afin de rétablir une situation qui met en difficultés de nombreux individus. Nous avons aussi connu début 2008, comme prémices de la crise, des émeutes de la faim. Carcomment être heureux si l’Etat n’est pas capable de garantir aux populations la couverture des besoins essentiels ? Et si les Etats sont autant intervenus pour sauver les systèmes économiques et financiers, n’est ce pas aussi parce qu’il joue un rôle de régulateur dans le bien être de leurs concitoyens ?
Or André Malraux semblait penser le contraire en affirmant « qu’aucune espèce d’Etat ne peutgarantir le bonheur de qui que ce soit. Il renvoyait alors l’idée du bonheur à la sphère privée. »
Mais qu’est ce que le bonheur ? C’est un état de plénitude et de satisfaction du corps et de l’esprit en opposition avec la souffrance, l’inquiétude, le trouble. Le bonheur renvoie bien à une notion d’individu en faisant référence au corps et à l’esprit. Néanmoins, l’individu ne trouve son origineque dans le groupe social auquel il est intégré. Personne ne trouve l’épanouissement sans être lié à une culture, à une appartenance, à une société. Et la société induit l’Etat pour exister.

Cependant, l’Etat peut-il être le garant du bonheur de tous s’il ne laisse pas une part de recherche du bonheur à chaque individu ? Toute la difficulté est de faire la part des choses entre la sphère publiqueet la sphère privée.

Il apparaît donc que l’Etat reste le garant du bonheur s’il sait confier une part de celui ci à l’individu lui-même, donc si son intervention n’interfère pas sur la sphère privée. Ce concept semble actuellement plutôt recherché par les sociétés démocratiques modernes (1) A l’inverse, si l’individu veut pouvoir rechercher son bonheur personnel, il est responsable aussi dela garantie que l’Etat peut prendre à son épanouissement personnel, cela en respectant les principes des règles démocratiques (2).

L’Etat doit donc être le garant du bonheur sans pour autant dépasser les limites de la sphère privée.

Il semble en effet que l’Etat pose les conditions d’épanouissement des individus qui composent la société en leur garantissant l’assurance d’une certaine libertéet sécurité. Mais l’Etat ne doit pas non plus dépasser ses prérogatives en imposant des idéologies qui viendraient empêcher ainsi l’individu de la liberté nécessaire à sa part de bonheur personnel.

Il ne peut y avoir de bonheur sans l’assurance que l’Etat va contribuer à celui-ci. La déclaration universelle des droits de l’homme stipule dans son article 3 que tout individu à droit à la libertéet à la sûreté. Or comment peut-on être heureux si l’Etat ne garanti pas le droit à la liberté et à la sûreté de l’individu ? Lorsque ces deux conditions ne sont pas réunies (état de guerre, insécurité) il est impossible de s’épanouir et donc de vivre heureux. La crainte du lendemain est un frein au bonheur.

Dans ce même esprit, il semble aussi impossible de vivre sans avoir l’assurance quel’Etat va garantir la protection des besoins essentiels. Les émeutes de la faim de l’année 2008 illustre bien le problème. Aucun être humain ne peut vivre heureux s’il n’est pas protégé contre la souffrance, la faim, le trouble. C’est donc le rôle de l’Etat providence que d’assurer le minimum au bien être de l’homme. Dans cette optique certaines sociétés offrent des garanties en cette matière. C’estpar exemple la Couverture Maladie Universelle qui a été instaurée en France pour garantir l’accès aux soins des individus. C’est aussi les protections sociales qui ont été mises en place dans la plupart des sociétés, telles que l’assurance chômage, le versement des retraites.

Mais l’Etat s’il intervient pour offrir des conditions de bien être nécessaires au bonheur des individus ne doit pas…