Ce ci n’est pas un conte

« CECI N’EST PAS UN CONTE »

1. Diderot, un philosophe

« Hâtons-nous de rendre la philosophie populaire. Si nous voulons que les philosophes marchent en avant, approchons le peuple du point où en sont les philosophes » cette citation extraite des Pensées philosophiques de Diderot, empreinte de l’esprit des Lumières, rappelle deux aspects fondamentaux de ses écrits:
-le premier est la valeurpédagogique de ceux-ci. De tout temps, l’auteur a eu à cœur de répandre la connaissance dans toutes les classes de la population. Cela a commencé avec l’emblématique projet de l’Encyclopédie, symbole de la transmission du savoir et s’est poursuivi par la suite dans l’ensemble de son œuvre.
-le deuxième aspect est l’humilité de Diderot ainsi que la foi considérable qu’il a en l’humanité. Celui-cisait pertinemment que la philosophie est une discipline complexe, mais là où certains auraient jugé que seule une élite serait capable de s’atteler à une telle tâche, l’humaniste a estimé que chacun avait la possibilité d’apporter sa contribution et de faire ainsi progresser la connaissance.

Par son œuvre, Diderot donne une nouvelle vision d’un principe qui se trouve au centre de la notiond’auteur, à sa base même, puisqu’il en est l’étymologie, celui d’autorité. Il a quelque chose à transmettre, susceptible d’intéresser d’autres personnes, un savoir, une expérience que certains n’ont pas, qui lui confèrent ainsi une légitimité, la légitimité pour écrire et dispenser son savoir, donc l’autorité. Diderot modifie considérablement cette idée. Comme il le dit lui-même, il n’écrit pas pourfournir un savoir, une réponse :
« On doit exiger de moi que je cherche la vérité, non que je la trouve »
Il écrit pour montrer au lecteur un raisonnement en cours d’élaboration, une recherche, pas un produit fini. Il renonce par là même à une complète
autorité pour créer une œuvre ouverte dans laquelle il va transmettre le relais à ses lecteurs, afin que d’autres personnes puissent à leur tourapporter leurs propres réponses.

Les contes de Diderot allient le plaisir, la légèreté, l’art de la conversation .
Ceci n’est pas un conte forme avec Madame de La Carlière et le Supplément au voyage de Bougainville un triptyque de contes moraux rédigés en 1772 qui paraitra dans la Correspondance littéraire en 1773.

De l’intention de Diderot même, les trois contes doivent être considérésensemble : le troisième conte donnera son sens aux deux premiers, dit-il au lecteur. Cette intention est confirmée par le titre initial de Madame de la Carlière, Second conte, et par les allusions à des personnages ou des développements d’un des contes dans un autre.

2. Résumé de l’œuvre

Il y a dans Ceci n’est pas un conte, deux contes différents. Le premier raconte l’histoire d’un certain Taniéamoureux d’une femme vénale et cupide, Madame Reymer.

Pour elle, Tanié part une dizaine d’année à Saint-Domingue pour faire fortune. Madame Reymer en profite pour avoir des amants. Lorsque Tanié revient de son voyage, il vit avec Madame Reymer pendant environ cinq années. M. de Maurepas lui propose alors de partir commercer avec le Nord. Ce que Tanié accepte à contrecœur puisqu’il sait queMadame Reymer n’est avec lui que pour sa fortune. Il meurt de la fièvre quelques jours après son départ. Dans le deuxième conte, Diderot raconte cette fois l’histoire de Gardeil et de Mademoiselle de la Chaux. Mademoiselle de la Chaux abandonne tout pour suivre Gardeil par amour : son honneur, sa fortune, sa famille. Ils vivent heureux tant bien que mal. Gardeil travail dans la traduction et a dutravail à n’en plus pouvoir.

Sa femme l’aide donc en apprenant le grec, l’hébreu et d’autres langues. Elle se donne corps et âme pour satisfaire son mari mais un jour celui-ci la quitte car elle ne lui est plus d’aucune utilité. Elle le prend très mal mais s’en remet quelques années plus tard. Elle s’inscrit à l’Académie des inscriptions et belles-lettres et écrit ensuite un livre qu’elle…