A. U. : Tout n’est pas inscrit. Le théâtre consiste à construire une ‘uvre, sur scène, qui révèle la signification maximale de ce qui est écrit, tout en bénéficiant de l’apport de l’invention propredu metteur en scène. Montrer le théâtre, c’est montrer une pratique en énumérant ses différents éléments. Si ce n’est, au niveau universitaire, analyser les ‘uvres, étudier les mises en scène etsonder leur fabrication, je ne vois pas d’enseignement possible de la mise en scène, et le travail du comédien n’est qu’un élément parmi d’autres, si j’ose dire, dans l’immensité de la pratique théâtrale.Le respect du texte dans le théâtre classique reste encore quelque chose de difficile. La place variable des accents dans l’alexandrin peut changer le sens du vers. Surgissent ainsi des sensdifférents, ne serait-ce qu’à l’écoute de ce vers monosyllabique d’Hyppolite dans Phèdre de Racine : « Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon c’ur » ou bien dans Andromaque : « Va, cours, mais crainsencore d’y rencontrer Hermione ». L’acteur de bonne formation serait celui qui comprenne d’emblée ce qu’il dit, en rassemblant les sens du texte.A. U. : Les préoccupations de l’auteur peuvent êtrecachées, elles sont extrêmement variables et soumises à un moment déterminé de l’Histoire. Ces problèmes peuvent être d’ordre général ou personnel, ils recouvrent aussi des questions récurrentes d’identité.Ce qui importe à Corneille par exemple, dès Le Cid, c’est l’importance du roi absolu contre la noblesse et la délégation de pouvoir. Rodrigue est une personnalité géniale qui sauve l’État. Que fait-onde ce sauveur ‘ Rien ! On ne peut et on ne doit rien en faire, c’est le sens de la pièce. Rodrigue n’a fait que son devoir, c’est un élément de l’État, pas plus. Les discussions entre princes sontbalayées : la centralisation et le droit du pouvoir s’opposent au non droit des seigneurs. La mise en scène de Declan Donnellan traitait brillamment de la force de ces exploits. C?est la question de…