LE SURRéalisme
La date précise de l’officialisation du Surréalisme est 1924, c’est l’année de la parution du Manifeste du Surréalisme, mais la naissance du groupe est attestée en 1922 marquée par Littérature nouvelle série. Quand même les prémices du futur mouvement apparaissent bien avant cette date. Il s’agit du premier texte surréaliste Les Champs magnétiques écrit en 1919 par AndréBreton et Philippe Soupault. Le Surréalisme prend naissance à Paris autour d’un groupe restreint des jeunes hommes: A. Breton, P. éluard, B. Péret, L. Aragon, Ph. Soupault, qui trouvent dans la poésie un refuge contre la « vieillerie poétique » et opposent à une écriture pensée, travaillée et élaborée une pensée et une écriture immédiates, aptes à donner à toute chose « un nom nouveau ».
Pour uneapproche du surréalisme il faut tout d’abord considérer les sources qui sont à la base du mouvement. Les sources socio-historiques, d’ordre extérieur, ne sont pas négligeables quant à un phénomène artistique d’une telle envergure. Même pour les âmes les plus enflammées la première guerre mondiale a représenté la faillite d’une civilisation qui n’a été faite que pour tuer. La jeune génération, déçue parla guerre, écrasée par le développement de la machine est portée à refuser la civilisation et ses valeurs tout en exprimant ainsi la négation d’une vie qui emprisonne l’individu. C’est pourquoi, juste au début, le Surréalisme se manifeste comme la négation du monde. Mais à la différence du Dada, il comprend vite, le sens de la crise de la culture dans l’esclavage de l’homme à la machine et à sapropre raison. Les sources historiques s’avèrent être le signal d’alarme qui fait naître l’idée que c’est l’homme qu’il faut changer contre le mal qui le menace. Pour y réussir on devrait tenter d’autres forces inconnues qui régissent l’être humain en reprenant la mesure de la liberté et des désirs de l’homme.
Les Surréalistes se réclament de tous les artistes et de toutes les manifestationslittéraires qui ont « voulu dire quelque chose » (Second Manifeste du surréalisme, p. 118) en soutenant l’affirmation de l’individu et le dépassement de la réalité close. Les sources littéraires du Surréalisme remontent au roman noir et à la littérature fantastique représentant, par la haute fiction, un dépassement possible du réel, une capacité de la contester et de s’en libérer. L’oeuvre de Sadeoffre à son tour un exemple d’audace. Dans le romantisme allemand chez Novalis par exemple, les Surréalistes apprécient la prééminence de l’univers intérieur sur l’univers sensible. Ils se laissent fasciner par les exploits de l’inconscient (surtout chez Nerval) qui représentent l’effort de s’évader d’une vie fausse pour faire déborder dans l’existence quotidienne, par le rêve, le mystère poétique.Ils reconnaissent en Baudelaire l’artiste qui réalise la libération du langage poétique; ils apprécient les grands révoltés de la fin du XIX-e s. (Rimbaud, Lautréamont) pour l’importance qu’ils accordent au travail littéraire, pour le sacrifice d’avoir confondu leur vie, avec la poésie et pour leur confiance dans « la poésie qui doit mener quelque part » (Lautréamont). Les influences immédiatesexercées sur le futur Surréalisme, au début du XX-e siècle, ont été celles de Jarry, d’Apollinaire, d’Edmond Roussel, du cubisme littéraire et du Dada. De Jarry ils tiennent 1’humour, d’Apollinaire l’esprit nouveau qui prophétise avec la libération de l’inspiration, la surprise et l’inattendu de l’art nouveau, du cubisme le modèle sensible. De ces influences du début du XX-e siècle celle du Dada sembleêtre la plus importante. Les Surréalistes reconnaissent dans le Manifeste Dada de 1918 une révolte semblable à la leur ce qui les fait participer avec enthousiasme aux manifestations du mouvement, déménagé à Paris depuis 1920. En 1921 le Dada prend fin et une année après, A. Breton se sépare de T. Tzara, en se séparant par ce geste du nihilisme qui n’appartient pas aux principes du Surréalisme….