Dans ce sujet deux notions se distinguent : force et justice. Le terme « juste» vient du mot latin jus qui signifie « droit ». Le terme « droit » vient du latin directum qui signifie « aligné », « en ligne droite ». Selon, l’étymologie, la justice est la rectitude, donc le respect des règles du droit. Mais le nom romain du droit jus ne dérive pas de justicia (« la justice ») mais de jussum cequi est commandé. Or ce qui est commandé est-il toujours juste ? La justice au sein d’un Etat protège donc les droits et les intérêts de chacun en respectant la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. C’est à dire qu’elle est chargée de faire régner ce qui est le plus juste. En cas de litige, la justice intervient en punissant ou demandant réparation auprès des personnes ayant causé dutort. De plus, elle est accessible à tous et indépendante des autres pouvoirs afin d’être la plus impartiale et la plus équitable possible. Mais la justice n’est pas la seul à maintenir l’ordre ; il y a des cas historiquement ou l’Etat maintient l’ordre sans la justice : certaines monarchies absolues, les régimes totalitaires… . Nous voyons donc un lien entre la justice et la force. La justice abesoin de la force pour s’appliquer, la force, de la justice pour se légitimer. Il faut donc les conjuguer pour arriver à un monde idéal ; car comme le dit Pascal dans les pensées: « la justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique ». L’ordre ne peut se maintenir longtemps s’il n’est pas légitime, autrement dit s’il n’est fondé que sur la violence du plus fort. Commele souligne Rousseau : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour toujours être le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir ». La justice et la force semblent donc indissociables. Mais, dans les faits, c’est la force qui a corrompu la justice et se prétend juste à sa place. On peut donc s’interroger : Peut-on mettre la force au service de la justice sans que leprocessus ne s’inverse ? Les hommes ne respectent-ils la justice que parce qu’ils y sont contraints ? La justice peut-elle annihiler la force et se maintenir indépendamment d’elle ? Le droit, qui est supposé être l’expression de la justice, n’est-il en fait que le droit du plus fort ?
Dans une première partie nous verrons l’apologie de la force qui est véhiculé par Thrasymaque et Calliclès, puis dansune seconde partie nous approfondirons la pensée de Platon, pour enfin aborder la généalogie de la morale de Nietzsche.
I) L’apologie de la force selon Thrasymaque et Calliclès
A travers ce passage, Thrasymaque et Calliclès développe l’idée selon laquelle la véritable justice serait celle de la nature, où s’observe le droit du plus fort. C’est-à-dire que la justice serait plurielle etindividuel. Car dans l’état de nature chacun a le droit d’exercer son pouvoir et de s’approprier les choses qu’il souhaite sans qu’aucune autorité ne le soumette. L’homme se trouve livré à lui-même guidé par son instinct animal. C’est la loi du plus fort qui règne. La justice dépendrait donc du pouvoir de chacun ; plus un homme arriverait à imposer sa force plus ces actions seraient juste. PuisThrasymaque, dans l’amoralité et la réduction du droit au fait : il dit que la justice des hommes n’est plus seulement la stratégie des faibles pour encercler les plus forts dans des pièges prétendument moraux, pour les empêcher de vivre conformément à la nature, c’est-à-dire selon leurs envies ; ce qui permet de favoriser les plus forts et même les plus faibles, coalisés en gouvernements, peuvent devenirles plus forts et imposer leur concept de la justice. Thrasymaque établit aussi l’identité de l’utile et du juste : est utile et juste tout ce qui correspond aux besoins du gouvernement. C’est-à-dire que toute chose, personne ou événement sera considéré utile et juste dans la mesure ou il aidera le pouvoir à se réaliser d’avantage. Il n’est plus question de s’interroger sur la légitimité ou la…