La crise des subprimes

LA CRISE DES SUBPRIMES
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Introduction
Northern Rock est une banque anglaise de taille moyenne, très rentable (rentabilité des capitaux propres supérieure à 20 % par an sur la période 2001-2006), spécialisée dans l’immobilier britannique, sans rapport avec le subprime américain, en très forte expansion.. Pourtant, en 2007, cette banque entre dans unecrise de liquidité, car son financement interne repose très largement sur du financement à court terme. La crise affecte donc cette banque, car ses crédits ne sont plus renouvelés, ses financements bancaires sont soit coupés, soit trop chers. Le Gouverneur de la Banque d’Angleterre avait prévenu, dans une lettre rendue publique fin août 2007, qu’il ne ferait pas de repêchage des banques tropaventureuses. Il écrira, pourtant quelques jours après, devant les files de clients qui attendent à la sortie des agences de la banque : « Le Chancelier de l’Échiquier a aujourd’hui autorisé la Banque d’Angleterre à fournir des liquidités à Northern Rock (…). Cette décision a été prise par le Chancelier sur la base des recommandations du Gouverneur de la Banque d’Angleterre et du Président de la FSA(autorité de régulation des marchés britannique). La FSA estime que Northern Rock est solvable, satisfait à ses obligations en termes de capital réglementaire et détient des prêts de bonne qualité. » Il se trouve donc que les actifs de Northern Rock étaient jugés sains, plus sains même que la moyenne du marché et qu’elle ne pratiquait ni le subprime, ni la titrisation. On peut donc s’interroger surl’enchaînement des événements qui ont conduit à la crise des subprimes. Au sens le plus large, un « subprime » (subprime loan ou subprime mortgage en anglais) est un crédit à risque, à taux plus élevé pour l’emprunteur, et donc avec un rendement plus important pour le prêteur afin de rémunérer le risque de non remboursement, cependant limité par la garantie hypothécaire prise sur le logement. Pourque le crédit reste intéressant pour l’emprunteur, des montages sophistiqués avec des taux variables et des produits financiers complexes pouvaient permettre de maintenir des taux bas en début de prêt.
La crise financière qui débute en août 2007 est d’abord une crise des crédits hypothécaires à risque. Ce marché, qui a certes connu une forte croissance ces dernières années aux États-Unis, estsomme toute de taille relativement modeste. Il ne représente pas plus de 1 000 milliards de dollars, à comparer à la capitalisation boursière aux États-Unis qui est de 20 000 milliards ou au patrimoine des ménages américains qui s’élève pratiquement à 60 000 milliards de dollars. Pourquoi la crise a-t-elle donc pris une telle ampleur ? Nous envisagerons les facteurs qui sont à l’origine de la crise(I) puis l’intervention des états pour endiguer la crise (II)

I Les facteurs à l’origine de la crise
Après avoir envisagé le contexte dans lequel cette crise se développe (11) nous verrons son déroulement et ses effets (12)
11 Une situation macroéconomique instable et des dysfonctionnements microéconomiques
Le « paradoxe de la tranquillité » est une expression que l’on doit à l’économisteaméricain Hyman Minsky. Ce dernier a développé dans les années soixante-dix l’idée que les crises de surendettement se préparent lorsque tout va bien et que les agents économiques (entreprises, ménages…) profitent de la croissance et des taux d’intérêt bas pour emprunter parfois au-delà du raisonnable. Mais lorsque les taux d’intérêt se retournent à la hausse, en particulier du fait du resserrementmonétaire, l’endettement qui paraissait soutenable, compte tenu du niveau modéré des taux, devient insupportable et vire au surendettement. Pour la crise financière qui débute en 2007, le « paradoxe de la tranquillité » se double d’un « paradoxe de la crédibilité » : la lutte contre l’inflation, ayant donné des résultats très favorables, a renforcé la crédibilité des banques centrales.
Le…