La russie

Un État et un espace en recomposition : la Russie

Née de l’effondrement de l’Union soviétique en décembre 1991, la Russie est aujourd’hui le plus vaste État du monde : de l’ancienne puissance soviétique, elle a hérité à la fois les immenses ressources naturelles et les attributs militaires et diplomatiques. Cependant, après plus de dix ans de post-soviétisme, cet État continentreste très affecté par la crise profonde qui frappe ses structures politiques et son économie, et fait figure d’ancienne puissance en déclin. Quelle est la situation géopolitique de la Russie ? Comment est-elle passée d’une économie collectivisée à une économie de marché ? Quelles ont été les répercussions de ces mutations pour la société russe ? Que peut-elle attendre de son territoire ?1. Quelle est la situation géopolitique de la Russie ?
• La Russie actuelle a une superficie qui représente les trois quarts de la superficie de l’ancienne URSS : avec 17 millions de km2, elle est le plus vaste État du monde. Elle a hérité des attributs de l’ancienne puissance soviétique : siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, arme nucléaire, technologie spatiale. Elle est égalementassociée au G8 et devrait bientôt intégrer l’Organisation mondiale du commerce. La Russie parvient donc à maintenir son rang de grande puissance au niveau international, malgré une crédibilité entamée, notamment par le conflit en Tchétchénie, et un équilibre régional précaire.
• Du point de vue géopolitique, la situation de la Russie est en effet loin d’être stabilisée. Depuis 2000, l’Étatfédéral a réaffirmé très fermement sa prééminence sur les entités locales (si les Russes représentent 80 % de sa population, la Russie compte néanmoins une centaine de nationalités, qui parfois revendiquent plus d’autonomie). Les tensions les plus importantes concernent les populations méridionales, porteuses de revendications identitaires ou indépendantistes (Tchétchénie).
• Par ailleurs, de nombreuxéquipements de l’ancienne URSS se trouvent partagés entre les nouvelles Républiques, sans aucune cohérence. La modification des frontières pose à la Russie le problème de ses accès à la mer (enclave de Kaliningrad, ports ukrainiens de la mer Noire) et l’oblige à redéployer ses axes de communication (le Transsibérien, par exemple, passant par le Kazakhstan).

2. Comment la Russie a-t-elle« négocié » le passage d’une économie collectivisée à une économie de marché ?
• L’ancien système soviétique contrôlé par l’État, centralisé et planifié, a été démantelé par plusieurs vagues de privatisations. Dans ce passage brutal d’une économie collectivisée à une économie de marché, la production intérieure s’est effondrée. Les cadres du régime soviétique ont mis la main sur les entreprises nouvellementprivatisées alors que, parallèlement, une économie souterraine multiforme, très difficile à mesurer, s’est mise en place.
• La désorganisation, le manque de savoir faire, la chute des commandes de l’État, les difficultés monétaires, les trafics en tous genres ont précipité l’économie russe dans une récession sans précédent entre 1990 et 1998 : le produit intérieur brut a chuté de 40 % sur cettepériode. S’il est difficile d’avoir des indicateurs fiables pour la Russie, on estime qu’elle est désormais une puissance économique très moyenne, au 16e rang mondial pour le PIB, derrière l’Inde ou à la Corée, et, si l’on rapporte son PIB à la population, elle se place au 75e rang, après le Salvador et la Turquie (chiffres 2003).
• L’économie russe connaît néanmoins un lent redémarrage, grâce auréinvestissement des profits dégagés par l’exportation des matières premières (71 % des exportations russes ; 59 % pour les seuls hydrocarbures).
• Dans les campagnes, les difficultés restent considérables : malgré une politique officielle de distribution des terres, la majorité des exploitations sont des entreprises privées fonctionnant sur le salariat, issues des anciens sovkhozes et…