Commentaire littéraire – « chacun sa chimère », charles baudelaire

Commentaire composé de français

C’est à la fin du XIX ème siècle qu’est apparu le symbolisme, mouvement littéraire dont l’un des buts est d’exercer un pouvoir évocateur et suggestif sur l’imaginaire du lecteur. L’un des grands auteurs de cette époque est Baudelaire, connu, entres autres, pour ses chroniques littéraires et artistiques ainsi que pour ses poèmes en prose. Le poème « Chacun sachimère » fait partie de l’un de ses principaux recueils : Le Spleen de Paris, publié en 1862. Ce poème relate la rencontre du narrateur avec des hommes mystérieux portant des chimères.
Ce texte fantastique se déploie selon plusieurs mouvements : nous avons, d’une part, la description du paysage suivie de celle des chimères et d’autre part de courts passages de narration ou de réflexion du narrateursur ce qu’il voit.
Mais quelle peut-être la symbolique de ce poème ?
Tout d’abord, nous étudierons la mise en place d’un décor caractéristique du spleen, puis nous verrons comment, grâce à ce récit allégorique, Baudelaire exprime sa vision des hommes et du poète.

Dans ce poème, nous pouvons observer que l’auteur nous décrit un décor étrange qui est, en fait, un puissant symbole du spleen. Eneffet, nous allons voir que la scène se déroule dans un monde complétement onirique, avec des lieux irréels et pendant un temps indéterminé.
Tout d’abord nous pouvons remarquer que le paysage est décrit une première fois, au tout début de poème. Il est, à ce moment, caractérisé par « un grand ciel gris » (vers 1) et « une grande plaine poudreuse » (vers 1), ce qui nous donne l’impression, avecla répétition de l’adjectif « grand », d’être au milieu d’un endroit immense. Celle-ci est renforcée par la sensation de vide qui se crée avec la répétition de « sans » aux vers 2 et 3 : « sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie… ». Cette gradation met en évidence l’absence des hommes et de la végétation, même hostile. C’est donc un paysage de désolation, triste et fade, comme sinous étions dans un rêve. C’est le vide, le néant qui domine dès le début. Au fil du texte, d’autres précisions sont apportées avec les expressions « coupole spleenétique du ciel » (vers 26) et « la poussière d’un sol aussi désolé que le ciel » (vers 27), qui font ressortir une grande mélancolie ainsi qu’une impression d’écrasement par le « poids » du ciel. Et à la fin du poème, l’auteur renforcela première impression d’un paysage immense en nous parlant des courbes et de « la surface arrondie de la planète » (vers 32). Finalement, l’auteur réussit à nous ancrer, dès le début, dans un paysage particulier et proche du néant.
De plus, les couleurs jouent un rôle important dans le monde imaginé ici. En effet, dès le début du poème, Baudelaire associe « un ciel gris » (vers 1) et« une plaine poudreuse » (vers 1). Puis, un peu plus loin, il fait allusion à « un sac de farine ou de charbon » (vers 7). La fusion du blanc farineux et du noir charbonneux nous donne comme couleur dominante un gris, semblable à celui du ciel. Par ailleurs, ce gris est retrouvé au niveau du sol, celui-ci étant « aussi désolé que le ciel » (vers 27). Il est, en d’autres termes, aussi terne que le ciel. Le grisest donc la couleur dominante de ce monde.
Si on associe la poussière du sol à cette teinte mélancolique, nous obtenons un renforcement de la désolation et du vide exprimés auparavant. Mais ce monde onirique, symbole du spleen, est-il seulement caractérisé par un paysage fantastique et des couleurs exprimant le néant ?
Evidemment, nous pouvons ajouter que le manque de précisions concernant leslieux est un détail important du décor inventé par Baudelaire. En effet, ce dernier utilise tout au long du poème des articles indéfinis : « un », « une » (vers 1), « aucun » (vers 25), lorsqu’il évoque l’endroit où se déroule la scène, ce qui rend toute localisation impossible. Même avec la description du paysage il nous manque des éléments géographiques afin de situer cet endroit. Nous…