Les tumulus funéraires sénégambiens
@ Stéphane PRADINES 1996
1/ Qu’est-ce qu’un tumulus ?
Un tumulus est une calotte sphérique, parfois entourée d’un fossé comblé. Cette définition très générale permet d’englober les tumulus de terre, de sable ou de coquilles. Seule l’étude de la chambre funéraire avec la disposition des cadavres et la typologie de la céramique apporteront unemeilleure connaissance du phénomène des tumulus.
La construction de tumulus n’est pas un rite funéraire musulman. L’islam en Sénégambie n’était respecté qu’en façade ; il était perçu comme un savoir supérieur lié au pouvoir. D’après J. Boulègue, le royaume du Grand Jolof reçu une islamisation superficielle, conservant toujours des rites d’initiation et des autels familiaux.
Les populations Wolofnomment les tumulus funéraires des Mbanar. Ils attribuent la construction de ces monuments aux Sereer.
Les Sereer distinguent nominativement deux sortes de tumulus funéraires :
– Les Podom qui sont des tumulus massifs construits par les populations Sosé. Ce sont des sépultures pré-sereer, antérieures au XIe siècle.
– Et les Lomb qui sont de petits tumulus groupés en nécropoles. Ils sontconstruits par les Sereer eux-mêmes jusqu’à nos jours.
Dans la région du Sine-Saloum, les populations Sereer continuent à ériger des tumulus jusqu’à la christianisation et l’islamisation complète du XIXe-XXe siècle. Seuls quelques villages Sereer pratiquent actuellement ce rite funéraire.
Les rituels funéraires sereer se sont forgés au contact de peuplements anciens implantés dans le payssereer d’aujourd’hui. Les Sereer ont été marqués par l’empreinte culturelle des groupes humains rencontrés. Les tumulus sereer actuels et subactuels sont donc le résultat d’une acculturation, d’un métissage culturel.
Nous venons de voir brièvement que les tumulus sénégambiens possèdent plusieurs origines ethniques, certains sont attribués aux Sosé, d’autres aux Sereer. Ces deux populations etsûrement d’autres ne se sont pas installées en Sénégambie à la même période. Dès lors tous les tumulus d’une même région ne sont pas forcément contemporains. La réflexion de G. Aumassip illustre ce problème :
» En archéologie, le concept de contemporanéité n’est, même dans les conditions d’observation les plus favorables, qu’une apparence à application analogique. Le seuil de résolution temporel desprocédés de datation les plus sophistiqués n’autorise pas le préhistorien à réfléchir dans la synchronie ou la courte durée. Or, ce repère chronologique restreint est indispensable pour le dépistage des caractéristiques des modèles d’implantation territoriale des groupes humains. Dès lors doit-on éluder la question ? «
2/ Définition de l’espace chronologique étudié
En l’état actuel de larecherche, les tumulus Sénégambiens sont datés des deux premiers millénaires de notre ère, plus précisément du IVe au XXe siècle après J.C.
Nous parlerons de tumulus funéraires du premier millénaire et de tumulus des Temps Modernes à partir de l’arrivée des Portugais en 1590 après J.C.
2-1/ Période Médiévale
L’archéologie des temps pré-coloniaux est définie comme une archéologieProtohistorique depuis l’ouvrage de G. Thilmans en 1980. La définition classique de la Protohistoire concerne l’Age des métaux, de la première métallurgie à la première écriture. Cette appellation est trop centrée sur l’Europe et ne convient pas bien sûr à l’Afrique.
V. Martin et C. Becker donnent alors à la protohistoire une définition plus africaine basée sur l’ethnologie :
» Tout établissementhumain ancien, non revendiqué par les peuplements actuellement en place, mais attribué par eux à des groupements qui les auraient précédés. «
Cependant on peut objecter que cette définition nie toute protohistoire aux peuplements actuels.
H. Bocoum refuse complètement le concept de Protohistoire pour le Nord du Sénégal. Il parle d’archéologie historique à partir du IVe siècle pour la région de…