Yann Berthier
Floriane Maire
Alexandre Caillaud
L’eau
Faut-il convertir l’eau en bien commun inaliénable ?
INTRODUCTION
La Terre est à 72 % recouverte d’eau, 97 % de cette eau est salée, et 2 % emprisonnée dans les glaces. Il n’en reste qu’un petit pourcent pour irriguer les cultures et étancher la soif de l’humanité toute entière. L’agriculture représente 70 % de la consommationtotale d’eau, contre 20 % pour l’industrie et 10 % pour les individus. Or les systèmes d’irrigation agricole perdent en moyenne 40 % de l’eau qu’ils consomment.
En 2007, sur 6,4 milliards d’êtres humains, plus d’un milliard n’a pas du tout accès à l’eau potable et plus de 2,5 milliards ne disposent pas de système d’assainissement. Aujourd’hui, dans le monde, 2 milliards d’êtres humains dépendent del’accès à un puits. Il faudrait mobiliser 30 milliards de dollars par an pour répondre au défi de l’eau potable pour tous, quand l’aide internationale est à peine de 3 milliards.
Conséquences sanitaires du manque d’eau potable : l’impossibilité d’accès à l’eau potable d’une grande partie de la population mondiale a des conséquences sanitaires graves. Ainsi, un enfant meurt toutes les 5 secondes; des millions de femmes s’épuisent en corvées d’eau ; entre 40 et 80 millions de personnes ont été déplacées à cause des 47 455 barrages construits dans le monde dont 22 000 en Chine. Plus de 4.000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour de diarrhées liées à l’absence d’assainissement et d’un manque d’hygiène ; chaque année, 443 millions de jours de scolarité sont perdus à caused’infections transmises par l’eau insalubre.
La consommation d’eau est très inégale selon les niveaux de développement des pays :
3000 m³/habitant/an dans les pays européens.
9985 m³/habitant/an aux États-Unis.
200 m³/habitant/an dans des pays en développement comme l’Angola ou l’Éthiopie.
20 litres par jour par habitant au Mali ou à Haïti.
Les associations humanitaires pointent du doigtces disparités. Un Américain utilise 600 litres d’eau par jour et un Européen 200, quand un Africain doit survivre avec moins de 30 litre
1,5 milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable2,6 milliards ne sont pas raccordées à un réseau d’assainissement
Alors que l’eau reste la première cause de mortalité dans le monde et tue 34 000 personnes chaque jour, que l’actualitéinternationale nous montre que les guerres de l’eau sont aujourd’hui une réalité, qu’attendons-nous pour faire de l’accès à l’eau un droit inaliénable ?L’eau devient donc un enjeu stratégique majeur. Comment régler les tensions liées à l’eau entre Israël et les territoires palestiniens, entre le Soudan, l’Ethiopie et l’Egypte, entre la Turquie, la Syrie, l’Iran et l’Irak, entre le Tibet et la Chine. LaFondation Danielle Mitterrand plaide pour la création d’une Autorité mondiale de l’eau. Actuellement le Conseil Mondial de l’eau, organisme responsable de l’avenir de l’eau dans le monde, est présidé par des dirigeants d’entreprises privées du secteur de l’eau.Ce conseil a refusé d’entériner la notion de droit à l’accès à l’eau lors du dernier Forum à Istanbul en mars 2009.
Ce même conseil estconforté par l’Etat français qui a signé le 15 octobre 2009 une convention de partenariat pour l’organisation du prochain Forum Mondial de l’eau à Marseille en mars 2012.Depuis de trop nombreuses années, l’avenir de l’eau est ainsi laissé aux mains d’entreprises privées. Ce sont aujourd’hui 2 milliards d’êtres humains qui n’ont pas accès à l’eau potable. En 2020, si la tendance reste inchangée,ces 2 milliards se convertiront en 3 ou 4 milliards d’individus.Historiquement l’eau a d’abord été et demeure un enjeu territorial. De tout temps les villages se sont affrontés pour partager l’eau qui traverse leur territoire et les seigneurs de la guerre ont pris prétexte de l’eau pour s’affronter.
C’est à l’aide de deux principes que ces conflits ont été généralement gérés, qui ni l’un ni…