Economie

Le change et la politique de change

Site :
http://www.cours-e.info/economie%20generale/taux%20de%20change.htm

B. EXERCER UNE POLITIQUE DE CHANGE

Proposé par : Sénat.fr

http://www.senat.fr/rap/r07-081/r07-08146.html

1. Une politique de change quasi inexistante dans la zone euro

En théorie, une Banque centrale peut orienter le taux de change de la monnaie. En tant que telle, laBCE peut intervenir de deux façons : directement, sur le marché des changes en utilisant ses réserves monétaires, et indirectement par la fixation de ses taux directeurs, qui ont une influence sur l’attractivité de l’euro et donc sur son cours. Dans la zone euro, il a été décidé que le régime de change applicable à l’euro serait un régime de flottement pur, comme pour les monnaies de nombreuxautres grands pays industrialisés.
La BCE est pleinement chargée de la conduite de la politique de change, mais celle-ci est arrêtée par le Conseil de l’Union européenne (Conseil Ecofin), réunissant les ministres de l’économie et des finances de l’Union. Les instances politiques ont ainsi théoriquement la maîtrise de cette politique, même si les orientations adoptées ne doivent pas entrer encontradiction avec l’objectif de stabilité des prix.
Mais les autorités politiques ont jusqu’à présent adopté une attitude prudente. Ainsi, les ministres des finances de l’UE ont décidé, en décembre 1997, « de ne formuler des orientations générales en matière de change que dans des circonstances exceptionnelles, par exemple lorsque le taux de change de l’euro subit des divergences manifestes etpersistantes ». Concrètement, aucune orientation générale ne semble avoir été formulée jusqu’à présent.
De fait, la stratégie de politique monétaire de l’Eurosystème ne prévoit pas d’objectif de taux de change, au motif, très discutable techniquement, que les décisions de politique monétaire visant à maintenir un objectif de taux de change sont susceptibles de se révéler incompatibles avec l’objectif dela stabilité des prix.
Ce n’est que lorsque la BCE estime que l’évolution du taux de change constitue une menace pour le taux d’inflation qu’elle en vient à exercer une politique de change qui n’est, en réalité, qu’une autre manière de poursuivre l’objectif de stabilité des prix de la politique monétaire.

2. Le coût de l’euro fort

a) Une évolution pro-cyclique du cours de l’euro dans la zoneeuro

Depuis 1999, on observe que l’euro s’apprécie lorsque la croissance ralentit et se déprécie quand l’activité économique accélère, ce qui ne sert pas la croissance de la zone euro. L’OFCE102(*) relève que « [l’euro] dépend entièrement de l’option anti-inflationniste de la BCE : la stabilité des prix est parfaitement réalisée dans la zone euro depuis 2001 au prix d’une forte instabilité dutaux de change ».
Le graphique suivant rend compte de l’évolution pro-cyclique du change dans l’Eurosystème :
GRAPHIQUE N° 2
LA PRO-CYCLICITÉ DU TAUX DE CHANGE DANS LA ZONE EURO
[pic]
A l’inverse, les Etat-Unis mènent une politique de change soit neutre, soit contra-cyclique, ainsi que le graphique suivant le fait apparaître :
GRAPHIQUE N° 3
[pic]
L’euro s’étant apprécié de près de 50 %par rapport au dollar entre 2000 et 2005, certaines voix se sont alors élevées, notamment en France, pour critiquer la force de l’euro qui provoquerait, selon toute vraisemblance, une perte de compétitivité des entreprises européennes. La France paraît néanmoins isolée au sein de la zone euro dans cette critique du taux de change.
Au motif que l’Allemagne s’en satisfait, plusieurs voix estiment queles problèmes de compétitivité de la France ne proviendraient pas du taux de change, mais seraient de nature essentiellement structurelle (voir chapitre V).
Cette appréciation semble ignorer la singularité de la situation économique allemande. L’évolution de son commerce extérieur fait plutôt figure d’exception dans l’Union européenne. Elle peut être en grande partie attribuée à une politique…