À la fin de la Seconde Guerre mondiale, après un passage dans l’opposition de 1939 à 1944, Maurice Duplessis prend les commandes de l’État québécois à la tête du gouvernement formé par l’Union nationale jusqu’en 1959 où il trouvera la mort. Ultraconservateur sur plan politique autant que sur le plan économique, favorable au grand capitalisme américain, s’appuyant de morale religieuse, le régimeDuplessis défend l’autonomie provinciale, mais limite son développement. Souvent décrite comme celle de la « grande noirceur », la période 1945-1960 est une période où le changement social frappe de plein fouet l’ensemble de la société québécoise à l’instar des autres sociétés occidentales soit par un nouvel espace idéologique. Ainsi, l’opposition au régime de Duplessis se manifestera à travers unesérie de grèves importantes (la grève de l’amiante d’Asbestos et de l’alliance des professeurs à Montréal en 1949; celle du textile à Louiseville en 1952 sans oublier la grève des mines à Murdochville en 1957) qui, chacune à leur manière révéleront à la population à la fois les conditions de travail de la classe ouvrière et les concessions importantes dont jouissent les compagnies étrangères dansleur province. Duplessis usera de lois, telle la loi du cadenas (Loi qui autorise la police à cadenasser et à interdire l’accès à tout édifice utilisé à des fins communistes) pour contrer le syndicalisme, qu’il considère comme du communisme. Il ira même jusqu’à user de la police provinciale pour contrer les grévistes. Les prochaines lignes traiteront des 4 grandes grèves les plus marquantes queje vous ai énoncé précédemment durant la période de 1945 à 1960, soit celle où Duplessis fut Premier Ministre. De la sorte, je tenterai de faire ressortir les principaux enjeux et acteurs et d’expliquer pourquoi il en a été ainsi. Au même moment, je dégagerai les similitudes et les différences entre ces différents conflits.
Mise en contexte de la condition ouvrière
Au cours des années 1945-1960,les travailleurs et travailleuses vont réaliser des gains considérables en matière de conditions de travail et de salaire. Après la guerre, le mouvement syndical tente d’obtenir une semaine normale de travail, soit une semaine de 5 jours et de 40 heures où est-ce que les supplémentaires sont payés à temps et demi. Celle-ci est déjà acquise chez certains syndiqués mais pas par tous À la fin de1946, le contrôle des salaires et des prix par le gouvernement fédéral est abolit. Le salaire doublera pendant la période de la Grande Noirceur passant de 30 à 70$ par semaine. Par contre, le salaire québécois demeurera le plus bas du Canada lorsque nous le comparons aux autres provinces. Durant cette même période sera créée des caisses d’économie où est-ce que les syndiqués pourront épargner un peud’argent de leur chèque de paye pour le futur.
La grève d’amiante
En 1949, la plus longue grève encore jamais vécue dans l’histoire du Québec éclate. Ainsi, nous assistons à la grève de l’amiante, aussi connue sous le nom de grève d’Asbestos, qui était un conflit de travail des mineurs d’amiante du Québec. Ce conflit est considéré comme un point tournant de l’histoire du Québec et l’un despremiers essais vers la révolution tranquille. D’une durée de 5 mois, la Grève d’Asbestos, c’est 2000 mineurs de la Canadian Johns-Manville d’Asbestos cessant le travail, suivis par 3000 ouvriers de la mine de Thetford Mines soutenus par la CTCC. Leurs principales revendications étaient une augmentation du salaire moyen, la formule Rand, un régime d’assurance-maladie et des dispositifs contre lapoussière d’amiante. Le premier ministre Duplessis ne tardera pas à déclarer la grève illégale et à envoyer une centaine d’agents de la Police provinciale sur les lieux. Par la suite, la compagnie minière ayant embauchera des briseurs de grève, les mineurs tentent de leur bloquer le passage, ce qui provoque une escalade de la violence. La violence atteint son paroxysme en mai 1949 alors que des…