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Acte I Scène I

Trois ans après la seconde surprise de l’amour donné aux italiens, Marivaux leur donne le jeu de l’amour et du hasard (1730) qui aura beaucoup de succès à la cour et à Paris. Les comédiens italiens fournissent à Marivaux des thèmes. Ex: la discussion sur le mariage et des personnages comme Arlequin, Mario ou Sylvia. Comme la distribution des protagonistes l’indique noussommes à Paris dans la maison d’un vieux gentilhomme. C’est dans ce milieu que va prendre place le jeu ; c’est ce que nous voyons dès la première scène.
Elle constitue le début de l’exposition qui se prolongera jusqu’à la scène IV, elle met en présence Sylvia et sa femme de chambre Lisette, qui débateront sur un ton tour à tour badin ou sérieux du mariage et des maris.

I UNE SCENE D’EXPOSITION
1)Une scène vivante et efficace

La conversation a commencé avant l’ouverture du rideau cela donne une épaisseur aux personnages. Cela crée de la vraisemblance et du naturel : « Mais encore une fois ». La maîtresse et la servante, deux jeunes filles du même âge, se querellent, ce qui donne une série de réplique rapide qui crée la tension dramatique. Tous les éléments qui favorisent lacompréhension sont donnés, y compris l’intrigue, du mariage projeté. En quelques lignes le milieu social, le cadre, le ton, les personnages sont donnés, y compris les absents (Dorante et Orgon).

2)Un milieu, un cadre, un ton

Nous sommes à Paris, dans une maison noble, chez Orgon le père de Sylvia. Nous voyons un milieu raffiné (costumes et décors) souligné aussi par le langage, élégant, recherchédans une moindre mesure pour la soubrette. Cf : le vouvoiement, « Madame » (jeune fille de condition marié ou non). Le milieu est aisé avec domesticité nombreuse ; on voit que Sylvia a sa propre femme de chambre. Le ton est vif, les deux filles ont le sens de la réparti. Ex : « Ce superflu là est mon nécessaire ». Lisette émaille son discours d’expressions familières. Sylvia comme dans les grandssalons pratique l’art du portrait. Le ton de la comédie est donné ainsi que son sujet, l’amour.

3)Une intrigue

Non seulement nous voyons les deux personnages centraux et leurs caractères, mais nous avons déjà une idée du caractère du père : il est compréhensif, indulgent, plein de tact. Mais nous avons aussi le portrait du futur, charmant à tout point de vue selon Lisette. Autrement dit lasituation est classique : une fille à marier. Mais on devine que les obstacles au mariage ne seront plus extérieurs mais intérieurs. Une sorte de suspens est crée, le futur va-t-il ressembler au portrait de Lisette ou aux peintures pessimistes du mariage que fait Sylvia.

II LE MARIAGE ET LES MARIS

1)Lisette

-Lisette est une soubrette, vive spontanée, plus simple que sa maîtresse, plustraditionnelle aussi. Elle a les sentiments de toute jeune fille qui se réjouit de trouver un mari. Ex : »J’ai cru que dans cette occasion-ci vos sentiments ressembleraient à ceux de tout le monde. » Pour Lisette le mariage est bien venu, elle est impatiente de se marier. « _Le mariage avait donc de grands charmes et vous? _Eh bien c’est encore oui. » Il faut épouser celui qui vous est destiné par vosparents et qui correspond à votre condition sociale et financière. « Quoi! Vous n’épouserez pas celui qu’on vous destine. » Elle a le sens des réalités et du plaisir : un mari séduisant lui semble être agréable. Dorante lui semble si séduisant qu’il pourrait même prétendre « épouser sans cérémonie » : séduire et devenir un amant au sens du XXè siècle, sans l’épouser.
-Elle partage toutes les idéesconventionnelles sur le mariage de l’époque. Sa conviction personnelle rejoint le rôle qu’elle doit remplir auprès de Sylvia. Elle a été chargée par Orgon de la convaincre d’épouser Dorante, mais Sylvia a une autre vision des choses.

2)Sylvia

-« Je ne m’ennuie pas d’être fille. » En effet Sylvia est heureuse avec un père bon, généreux, compréhensif, qui pousse la compréhension jusqu’à la…