Science politique :
la Féminisation du champ politique sous la Ve république

En 2010, Simone Veil rentre à l’Académie Française, elle a derrière elle une carrière politique et un engagement exemplaire envers la légalisation de l’avortement. Simone Veil est le symbole de la considération des femmes en politique. Elle est devenue emblématique après avoir accéder aux plus hauts postespolitiques. Elle commence sa carrière dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas en 1970 en tant que secrétaire général du conseil supérieur de la magistrature. Mais lorsque Giscard D’Estaing devient président de la république en 1974, elle devient ministre de la santé et marque la mémoire des gens avec sa loi sur l’IVG.
Simone Veil est donc l’une des premières femmes politiques à hauts postesaprès les mandats du puissant Général de Gaulle en France. Elle a donc permis la féminisation du champ politique de la Ve république qui apparaît jusqu’alors comme un espace concurrentiel et de lutte ou s’opposent des acteurs en quête de positions à conquérir. Mais ce champ se transforme avec l’arrivée de nouveaux entrants : les femmes.
Simone Veil réussit donc à percer ce champ de lutteréservé au genre masculin depuis l’Antiquité alors que le droit de vote des femmes vient d’être accordé quelques années auparavant en 1944. On observe donc une réelle différence de droits entre hommes et femmes au sein de la politique.
On est donc en droit de se poser la question suivante : Comment les femmes ont-elles réussi à accéder à un champ politique jusqu’alors fermé etréservé au genre masculin ?
Nous verrons dans un premier temps que étant bloquées par les institutions de la Ve république, les femmes sont aidées par le pouvoir exécutif fort en 1974 laissant apparaître une différence de pouvoir. Dans un deuxième temps, nous verrons que la lois sur la parité en 2000 va faire évoluer leur situation malgré toujours un bilan très contrasté.***

I) Face à un champ politique fermé, à un blocage institutionnel et symbolique, les femmes tentent d’accéder à la politique par le pouvoir exécutif fort.

A) Des facteurs structurels de la Ve république représentent un réel obstacle à la professionnalisation politique des femmes :
Des facteurs structurels de la Ve république, dépendants dufonctionnement du champ politique, désavantagent la représentation des femmes.
Alors que la féminisation de la vie politique était timidement amorcée en 1945-46, la crise politique de mai 1968 produit une régression de la cause des femmes, notamment par un changement de mode de scrutin. On passe alors à un scrutin majoritaire uninominal qui pénalise les petits partis et désavantage les partis extrêmes lesplus féminisés. Le scrutin majoritaire est un scrutin local dans lequel les candidats qui peuvent être élus sont en grande majorité des notables locaux et donc des hommes.
De plus l’élection du président de la république au suffrage universel depuis 1963 et la pratique du cumul de mandats représentent de la même manière un réel obstacle à la professionnalisation politique des femmes. Le suffrageuniversel change l’image du président qui devient un homme fort à la tête de l’Etat. On revient alors sur l’idée que c’est un homme qui doit occuper les fonctions suprêmes. Les mandats du général Charles de Gaulle accentuent l’image d’un homme viril et puissant au pouvoir. Le cumul de ses mandats a limité le nombre de professionnels de la politique. Cette pratique favorise la reconduction dessortants.
Mariette Sineau ajoute aussi l’importance prise par les hauts fonctionnaires issus de l’école nationale d’administration comme mise hors jeu des femmes. L’ENA devenue l’école des pouvoirs resta longtemps inaccessible par les femmes. (Texte 1 et 4)

B) La voie du suffrage universel leur étant barrée compte tenu d’un système électoral discriminant, les femmes s’imposent par la…