Commentaire de texte sur la pièce “l’eternelle présence” d’andré dumas.

• War, Literature and film Mid-term paper • October 12, 2009

Commentaire de texte sur la pièce “L’Eternelle Présence” d’André Dumas.
Extrait choisi pour le commentaire de texte:

LE FILS, dominant son émotion pour consoler sa mère.
1. Mourir, maman, n’est pas si difficile!…
2. Je revois tout: c’était un matin de juillet.
3. La campagne immobile aurait eu l’air déserte,
4. Si,coupant les prés verts, une ligne moins verte
5. N’avait marqué la place où l’ennemi veillait.
6. D’invisible canons, tapis sous la ramée,
7. Grondaient: moi, je guettais à mon créneau, suivant
8. Du regard le vol blanc des flocons de fumée,
9. Quand un cri résonna tout à coup: « En avant!… »
10. Tous partirent! … Soudain la bataille fit rage.
11. Nous allions, salués par les tirsde barrage,
12. Bondissant côte à côte, en groupes fraternels,
13. Sous l’entrecroisement des obus… Les shrapnels
14. Éclataient. Dans le vent passait la Marseillaise.
15. Ayant jeté mon sac pour courir plus à l’aise,
16. J’allais, ivre, léger, sans poids… Il me sembla
17. N’avoir jamais vécu que pour cet instant-là!…
18. J’allais… Dans un rapide éclair de vie intense,
19.Devant moi repassa toute mon existence,
20. Et je t’apercevais, maman, si nettement
21. Que jamais tu ne fus plus près… Mais, au moment
22. Où notre vague allait atteindre une tranchée,
23. Soudain je me sentis la poitrine touchée.
24. Je tombai. Mes regards se brouillèrent un peu.
25. Et je me dis: « La mort! C’est donc cela!… »

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La pièce d’André Dumas, L’EternellePrésence, jouée à la Comédie Française, a connu un certain succès: elle a été traduite en plusieurs langues et a éveillé, d’après La Petite Illustration Théâtrale qui la publie, une grande sympathie auprès du public: « [La pièce] a valu à son auteur un nombre considérable de lettres de pères et de mères frappés dans leurs plus chères affections et auxquels ces vers, venus du coeur, avaient apportéconsolation » et d’ajouter: « Elle a d’ailleurs été traduite en plusieurs langues et elle a éveillée partout les mêmes échos de sympathie ». Le premier élément frappant et que la pièce ait été traduite et reçue de la même façon partout – bien que l’on ignore dans quels pays exactement elle ait été représentée. Ce détail révèle l’universalité de la pièce en ce qui concerne les points de vue d’un certainpublic envers la Première Guerre Mondiale. La pièce est également qualifiée par M. André Rivoire dans L’Echos de Paris de 1917 d’une oeuvre de « qualité rare », le texte d’ « humbles mots courants » qui ont « toujours suffi aux vrais poètes pour exprimer toutes les nuances les plus subtilement délicates ». Ce travail va donc se pencher sur ce qui fait de la pièce, à travers l’étude d’un de sespassages les plus importants, une oeuvre qui touche un large public; sur ce qui lui vaut le qualificatif de « qualité rare » mais surtout sur les conséquences d’une oeuvre ainsi qualifiée par rapport à ce qu’elle représente: que devient la réalité de la Première Guerre dans cette oeuvre? Quel paradoxe permet à l’auteur d’atteindre son but de représenter les soldats morts pour la France? L’étude sedivise en deux partie: en premier lieu, le style d’écriture va être analysé, et en deuxième partie, les conséquences de ce choix d’écriture vont mettre en lumière les perspectives sociologiques qui apparaissent dans cet extrait à travers de nombreuses idéalisations.

Ce discours du jeune soldat est écrit dans un style de poésie classique, composé d’alexandrins et de rimes plates (sauf les deuxpremières strophes (deux quatrains) qui sont composées de rimes embrassées puis croisées), rappelant Molière, Racine, les auteurs du XVIIème siècle en général, 2

période d’or de l’alexandrin dans la littérature française. Par là, le lecteur reconnaît instantanément une forme d’écriture respectant la tradition littéraire française, et, de ce fait, accepte immédiatement la pièce en tant qu’oeuvre…