Les voyages de henri michaux: esquador et un barbare en asie

LES VOYAGES DE HENRI MICHAUX :

Un barbare en Asie

Henri Michaux était en Équateur, en 1928 et il annonçait à Hellens « Ne me croyez pas guéri des voyages. Je compte bien l’année prochaine être en Extrême-Orient, par exemple, je n’ai pas trouvé encore le moyen, je n’ai du reste jamais eu un bon moyen ».
Michaux voyage depuis qu’il a quitté la Belgique et le milieu familial, en 1922 àl’âge de 21 ans, en s’embarquant comme matelot. Ses voyages sont réels ou bien imaginaires. Poète aventurier , poète « conquistador » de territoires mystérieux et reculés, Michaux se heurte au langage poétique, comme aux signes du dessin pour conquérir en eux un espace de liberté et « exorciser » le poids du réel, avec lequel il entretient une permanente relation conflictuelle.
C’est en 1933qu’il publie Un barbare en Asie qui condense son expérience de voyageur durant les années 1930-1931 passées à la découverte des Indes , de la Chine, de la Malaisie, de l’ Indonésie et du Japon. Cette œuvre est un carnet de voyages fictifs qui décrit des peuples, des animaux et flores oniriques. L’écriture de chacune de ces parties a pris deux ans.
Un barbare en Asie est un récit complexenéanmoins on peut en dégager plusieurs grands axes. Tout d’abord le parcours de Michaux est retranscrit dans la structure même de son récit, ou chaque pays constitue une partie de son œuvre, puis, à travers la définition de son carnet de route, Michaux exprime ce qu’est pour lui le fond du voyage, découverte géographique mais aussi spirituelle, découverte de soi à travers l’ Autre, enfin, la troisièmepartie révèlera la manière si particulière d’écrire de ce poète qu’est Michaux.
Écrire ce livre a été l’occasion pour Henri Michaux de répondre à plusieurs questions. Le voyage permettrait-il d’échapper à cet autre moi-même qui me poursuit? M’aidera-t-il à rencontrer l’autre, si cet autre est moi? Y a-t-il d’autres voyages qu’au centre de soi-même, dans le « lointain intérieur »?

I. STRUCTUREUn Barbare en Asie se partage en huit chapitres de longueurs différentes, de 86 pages à 4 pages. Toutes ces parties portent le titre d’ Un barbare en … suivit du nom du pays visité.

Le voyage d’ Un barbare en Inde se déroule en trois phases émotionnelles : l’étonnement, l’excitation et l’irritation.  » Certains s’étonnent qu’ayant vécu en un pays d’Europe plus de trente ans, il ne mesoit jamais arrivé d’en parler. J’arrive aux Indes, j’ouvre les yeux et j’écris un livre  » annonce-t-il.

Le début de son voyage rassemble des notes scientifiques, pareilles à celles d’un ethnologue. Il se repose sur les observations générales de ce qu’il voit. Ses remarques sont introduites par:  » L’hindou…  » et fait ainsi une sorte de typologie des peuples en décrivant une à une leurscaractéristiques. Il découvre un peuple au mode de vie aux antipodes de celui des Européens et le titre, Un barbare en Inde montre cette relation inversée. Il devient le barbare, étranger aux coutumes d’un pays.

Au fil du récit, ses observations deviennent plus généralistes. Il décrit les coutumes, les rites et les façons de vivre du pays qu’il visite. Il parle de la relation des pays colonisés notammenten comparant « l’hindou » aux Anglais: « Le Blanc ne se laisse arrêter par rien ». Il écrit sur les différents peuples en les classant et il compare la manière de vivre des Anglais et celle des Hindous.

Mais une certaine lassitude s’installe chez lui et il commence à être désenchanté. Jusqu’alors il racontait ce qu’il voyait sous forme de notes brèves mais très vite il écrit des anecdotes pluslongues. Plus le texte avance, moins il se sent en harmonie avec le pays qu’il traverse. Enfin, il liste ce qui l’agace chez les Indiens, à savoir les études, leur physique et la musique.

Michaux déconstruit son discours de départ, fini l’émerveillement et l’admiration, place à l’irritation et critiques hargneuses d’un étranger qui se sent trop loin de cette culture. Mais il se qualifie…