Mais ce roman n’est pas représentatif de leur œuvre, comme le précise l’exergue au début : « le récit qu’on va lire est authentique. C’est pourquoi le narrateur, par prudence, a cru bon demodifier tous les noms. Si quelqu’un croyait se reconnaître, en tel ou tel personnage, il revendiquerait par là même une part de responsabilité dans cette étrange histoire »… Cette histoire légère estexcellente pour débuter la lecture de policière, différente des romans noirs et témoin des idées débridées qui peuvent surgir dans cette littérature. Une de mes amies le range avec beaucoupd’humour parmi les « poilars »…
René Myrtil, 28 ans, condamné à mort, a fait son mea culpa et décidé de servir la science : « j’ai rencontré, sur ordre, son aumônier, un bien digne homme. D’après lui,Myrtil s’est véritablement converti… A partir du jour où il a été soustrait à l’influence de sa maîtresse, une certaine Régine, qui est toujours incarcérée à la Petite Roquette, il s’esttransformé (p.17) ». Rappelons qu’à l’époque, les tentatives n’avaient lieu encore que sur des chiens. Garric, le narrateur, est en 1965 fonctionnaire auprès du Préfet de Police de Paris. Celui-ci leconvoque, car à l’exécution de Myrtil, on prévoit dans le plus grand secret de tenter de greffer chaque partie de son corps sur de graves blessés de la route…
Le ‘clou’ de l’expérience est lagreffe de la tête, ce qui tombe bien : la guillotine doit fonctionner un week-end où la gendarmerie nationale attend plus de deux cents morts sur les routes… Le chirurgien est un ‘savant fou’,caricatural : « Anton Marek était plus petit et plus vieux que je ne l’avais imaginé. Un tic lui faisait battre une paupière et sa joue s’agitait sans cesse, comme la peau d’un cheval sous la piqûre desmouches. Il avait des yeux jaunes, ardents, qui vous regardaient avec une insistance gênante, peut-être parce qu’il s’exprimait mal en français, et craignait de n’être pas compris (p.29)…