J‘emprunte, comme à l’accoutumée, au Grand Robert des éléments de définitions relatifs au mot blocage. Cet éclaircissement permet, d’une part, de limiter la réflexion en la situant avec précision à l’usage de ce mot. D’autre part, en fixant nos idées dans un cadre précis, on évite des réactions émotionnelles souvent intempestives, dès lors que des thèmes sujets à contradictions sont abordés.L’essentiel est de bien cerner le propos et de ne point se perdre dans le chemin broussailleux des invectives, des oppositions stériles.
Archit. Massif de matériaux (moellons, briques, pierrailles, mortier) qui remplit les vides entre les deux parements d’un mur.
Action de bloquer. | Blocage d’une bille de billard.
Sports (boxe). Geste qui arrête le coup de l’adversaire.Action d’immobiliser (une partie du corps). | Blocage du bassin.
Méd. | Blocage du coeur, ou blocage cardiaque.
Psychol. Comportement réactionnel d’un être vivant en période d’apprentissage caractérisé par l’apparition de troubles émotionnels
ou par une régression. — Psychan. Barrage.
Cour. | Blocage (affectif), le fait d’être bloqué
Brusque inhibition d’uneconduite. | Avoir un blocage (pendant une épreuve d’examen, par ex.).
Je retiens de cette liste que bloquer permet de remplir les vides, d’arrêter les coups d’un adversaire, d’immobiliser. Il fait suite aussi à des troubles émotionnels ou à une régression et, enfin, à une brusque inhibition de conduite. En quelque sorte c’est une protection contre une agression (le vide, les coups) et contre destroubles qui induisent une inhibition. Toutes attitudes plutôt négatives de repli, de refus qui ne s’accompagnent pas d’une réaction de dépassement, de progression positive, de volonté de sortir d’une impasse. On se met à l’abri sans proposer une solution de rechange autre que le refus systématique. Ainsi, au Moyen-âge, se réfugiait-on dans un château-fort…
N’est-ce pas décrire de manièreinattendue le propos d’un athéisme qui nie définitivement « l’existence de Dieu » ? On rejette avec véhémence le créateur, l’explication ultime de tout ce qui est, ou vit. On refuse de s’inféoder à une religion qui enserre dans ses griffes sous des apparences d’amour, de compréhension douce et tranquillisante. Et que propose-t-on à la place ? La raison et la laïcité – une loi de la tolérance qui permet àchacun d’exprimer ses opinions sans intervenir dans les croyances d’autrui. Que chacun se débrouille individuellement, en personne autonome, enfin libérée de tutelles religieuses.
Beaucoup d’athées, au-delà de ces blocages simplistes, admettent l’existence d’une forme de spiritualité qui ne dépend pas de commandements divins. En refusant toute notion de transcendance vers un au-delà, ils limitentl’expression humaine à une perspective terre à terre, plus réaliste, selon eux, qu’une Vierge bleuâtre éplorée. Avec condescendance, ils ne laissent aux rêves que des parcelles d’utopie. Une fois qu’on est mort, il n’existe plus rien. Les arts, la poésie ne sont que des jeux intellectuels qui maintiennent en enfance les hommes mûrs.
Rien de gai ni d’exaltant dans cet athéisme raisonnable quidispose d’un horizon limité aux rondeurs de notre globe, comme si le ciel n’existait pas au-dessus. Peut-on être athée et poète ? La rigueur ne suffit pas à engendrer joie et inspiration. Le culte des sciences paraît avoir tari l’âme humaine. Un positivisme froid glace des sens plutôt enclins à l’imaginaire qu’à des horizons limités aux seuls désirs, aux pratiques d’une vie libre (quelle liberté derêver ?), égalitaire, donc sans contrastes, et fraternelle sans don de soi.
Que fait-on, alors, des joies de la musique, de celle d’une promenade à travers champs ou d’une rêverie au soleil couchant ? Comment considère-ton les tableaux et les statues qui illustrent des récits merveilleux ou les croyances naïves, de la simplicité de l’âme ? Certes, l’âme ne possède pas d’atomes, mais elle a…