Question+dissertation : qu’est-ce qu’un bon début de roman ?

Sujet : Question : Analysez et comparez le statut du narrateur et le point de vue dans ces débuts de romans.
Dissertation : Selon vous, quelles qualités doit avoir un bon début de roman ? Vous répondrez en prenant appuis sur les textes du corpus et vos lectures personnelles.

Question.
Ce corpus nous présente différents incipits de romans allant de 1885 à 1941. Le document A est tiré duroman Germinal d’Emile Zola et est paru en 1885. Le document B est lui issus de La Condition Humaine parue en 1933 et écrit par André Malraux, tandis que le document C, paru en 1942, nous vient de L’Etranger d’Albert Camus. Enfin, le document D est l’incipit du Chien Jaune de Georges Simenon. Un document annexe nous présente quant à lui la vision de Jean Paul Sartre sur la technique de l’incipit dansLa Nausée parue en 1938.
Dans ces différents débuts de romans, les points de vue et statuts du narrateur diffèrent, provoquant à chaque fois un effet différent sur le lecteur. En effet, si tous les autres textes ont un narrateur externe à l’histoire, le texte de Camus prend lui la position d’un narrateur interne, impliquant par la même occasion un point de vue interne, concentré sur le personnageprincipal. Dans cet extrait, le personnage nous apprend que sa mère vient de mourir. Or, avec un narrateur interne, qui vit l’action, il serait évident de ressentir de la tristesse, de la peine pour ce personnage qui souffre de la perte de sa mère. Pourtant, aucun sentiment ne transparait à travers le discours morcelé en phrases courtes et sans exclamations. Le personnage nous paraît alors à nouslecteur, qui nous attendions à rencontrer un personnage plein de sentiments, comme quelqu’un de froid et d’impénétrable, dont la mort d’une mère semble passer au-dessus de lui comme si de rien n’était.
Parmi les autres textes en revanche, tous avec un narrateur externe, l’émotion est plus présente, notamment dans l’incipit de La Condition Humaine d’André Malraux, où le personnage est en proie àun véritable dilemme face à l’assassinat qu’il s’apprête à commettre. Ici en effet, les nombreuses ponctuations fortes ainsi que les verbes de sentiments tels « fasciné », « découvrait » et les verbes de mouvement qui trahissent son anxiété nous plongent directement au cœur de l’action, et au sein même des émotions de Tchen. On assiste alors à un véritable dialogue intérieur en discours indirectlibre et on se prend d’affection pour cet homme qui se retrouve face à une prochaine victime. On a donc ici une focalisation interne qui nous immerge dès le début du récit au cœur du personnage principal.
Un autre texte ayant recourt à la focalisation interne est celui extrait de Germinal d’Emile Zola, où là encore, on partage vite le point de vue du personnage principale. On comprend vite que cethomme, dont le nom nous est tout de même caché, est sans travail et erre le long d’une route. La focalisation interne est ici bien marquée par l’absence de certitude, puisque le personnage n’est lui-même pas précis. Ainsi, on nous dit qu’il « était parti de Marchiennes vers deux heures », ou encore que les ouvriers « avaient dû travailler tard ». Là encore, la focalisation interne nous aide aussià comprendre ses sentiments, comme le manque cruel de chaleur, qui le pousse à aller vers ces « trois brasiers brûlant au plein air » malgré la honte de son apparence, ou encore son manque d’optimisme, signalé par la réponse quasi-automatique qu’il fait à un espoir vaguement insinué : celui de trouvé du travail dans cette usine qui se dresse devant lui, auquel il répond par un « à quoi bon ? ».C’est d’ailleurs ce discours indirect libre qui renforce l’idée de proximité avec le personnage, puisqu’on a l’impression d’être directement dans son esprit. Ainsi, le début de roman que nous donne à lire Zola nous associe au personnage principal de manière naturel, puisque le lecteur adopte son point de vue et uniquement son point de vue, ainsi que ses sentiments.
Enfin le quatrième texte,…