Le personnage de Don Juan est avant tout un mythe. Les efforts d’identification à un personnage réel sont vains, on peut seulement lui reconnaître certains critères qui lui sont propres.
Fondamentalement, Don Juan recherche et vit dans le plaisir et la jouissance de l’instant présent, en s’opposant aux contraintes et aux règles sociales, morales et religieuses, ainsi qu’en ignorantvolontairement autrui. Il est donc à la fois jouisseur et cynique, également égoïste et destructeur.
L’usage établi veut que l’on écrive « Dom Juan » lorsqu’il s’agit du titre de l’œuvre de Molière ou du poème de Baudelaire, « Don Giovanni » ou « Don Juan de Mozart »[1] lorsqu’il s’agit de l’opéra de Mozart et Da Ponte, « Don Juan » lorsqu’il s’agit d’une autre œuvre[2].
Sommaire
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* 1L’histoire initiale
* 2 L’écriture des aventures d’un séducteur
* 3 Les grandes caractéristiques du personnage chez les auteurs
o 3.1 Chez Tirso de Molina
o 3.2 Chez Molière
o 3.3 Chez Da Ponte et Mozart
o 3.4 Au XIXe siècle
o 3.5 De nos jours
* 4 En littérature
* 5 En musique
* 6 Au cinéma
* 7 Bibliographie
*8 Articles connexes
* 9 Références
L’histoire initiale [modifier]
Le personnage mythique de Don Juan serait né d’un fait divers[3] rapporté par la Chronique de Séville. Selon la légende, il aurait vécu au XIVe siècle : fils de l’amiral Alonso Jofre Tenorio, Don Juan Tenorio aurait tué le commandeur Ulloa dont il avait séduit la fille, et les moines du couvent où fut enterré lecommandeur, outrés de cet acte, l’auraient assassiné et fait disparaître le corps, racontant ensuite qu’il avait été foudroyé par le Ciel et entraîné en enfer comme châtiment de ses fautes et de son refus de se repentir[4]. Mais les Cronicas de Sevilla et les archives des familles Tenorio et Ulloa sont muettes. Les noms des personnages ne sont pas fictifs, il a bien existé un don Juan Tenorio, ou un donAlonso Tenorio mais nulle part il n’est fait mention d’une disparition suspecte, encore moins du miracle de la statue de pierre qui s’anime pour punir un débauché[3].
Il est beaucoup plus vraisemblable de croire que le succès de la pièce du moine espagnol frère Gabriel, plus connu sous le nom de Tirso de Molina, (qui met en scène un personnage de jeune débauché avide de jouissance, personnageassez habituel dans les comédies espagnoles des XVIe et XVIIe siècles) est à l’origine de la légende[3]. Mais ce sont les éléments surnaturels qui ont le plus contribué à la survie de cette fable dans l’imaginaire collectif[5], et à la création du mythe. Il est probable qu’il faut y voir la récupération d’un thème moral (la punition du méchant) fréquemment utilisé dans les collèges religieux ou lesballades populaires[6].
L’écriture des aventures d’un séducteur [modifier]
El Burlador de Sevilla y Convidado de piedra (Le Trompeur de Séville et le Convive de pierre) attribué à Tirso de Molina, dramaturge espagnol est publié en 1630. Repris de nombreuses fois, le texte arrive en Italie, où il est intégré à la commedia dell’arte qui ajoute le thème des mille et trois femmes, puis Molièrereprend et adapte le texte en 1665[7]. Da Ponte en tire un livret que Mozart met en musique, c’est l’opéra Don Giovanni, Mérimée, Byron, Dumas, Baudelaire en poésie, Montherlant et de très nombreux autres auteurs, musiciens, metteurs en scène, cinéastes, auteurs de bandes dessinées, furent fascinés par ce personnage habile et d’envergure qui défie la morale, l’ordre public, et Dieu.
Le personnageévolue légèrement avec les époques. Mais la trame de fond demeure : séduction des femmes, rejet des règles sociales et morales, défi à l’autorité et à Dieu, châtiment « exemplaire ». Cependant sur ce dernier point des différences notables apparaissent chez certains auteurs de la période romantique.
Le Romantisme crée ainsi le personnage du libertin repenti, comme dans Les âmes du purgatoire,…