L’histoire peut-elle se faire sans la volonté des hommes ?
Le terme « Histoire » – de l’ancien français « estoire » (qui signifie « récit d’évènements mémorables ») et du grec < historia > qui signifie « enquête – désigne d’une part les évènements du passé, plus ou moins influents, relatifs à l’évolution de l’humanité, et, d’autre part, l’étude de ces évènements. Ces évènements passés sont lefruit de l’enchainement de divers régimes politiques, personnages charismatiques, d’évènements naturels, en somme, d’énormément de facteurs. Il apparaît que les hommes, par leurs actes, par leur vie sociale, par leurs décisions et leurs comportements, créent cet éternel tourbillon, commun à toute l’humanité. Il semblerait donc que les hommes, en existant, en réagissant de telle ou telle manière,font l’histoire, en s’inscrivant de manière individuelle dans un tourbillon universel. Or, les hommes ont, depuis le XVIIIème siècle, ressenti le besoin d’analyser, de comprendre et d’interpréter ces faits historiques, conséquences des générations passées : l’homme semble avoir besoin de relater ces faits, de s’en souvenir, de les expliquer. L’histoire semble donc désigner une réalité historique –les évènements bien réels du passé – et la conscience de ces évènements, c’est-à-dire la représentation que les hommes se font de ces évènements. Ainsi, cette équivoque implique d’une part un caractère passif de l’homme face à l’histoire – qui correspondrait à un « cours de l’histoire » indépendant de la volonté des hommes –, et d’autre part un caractère actif – l’homme qui exerce sa liberté, savolonté –, ce qui nous amène à nous poser la question « l’histoire peut-elle se faire sans la volonté des hommes ? ».
L’homme, à la grande différence de l’animal qui agit de manière inconsciente et désordonnée, peut agir, grâce à sa conscience réflexive, de manière réfléchie et raisonnée, et par conséquent, peut choisir la façon dont il agit : il serait très étrange que l’histoire des hommes sefasse entièrement à leur insu, comme s’ils ne pouvaient jamais changer les choses. En effet, l’homme peut, grâce à sa liberté d’action, se positionner et se définir face aux évènements qui lui sont imposés. De plus, les évènements historiques, bien que sujets à des causes très diverses, se créent grâce à l’action de la volonté des hommes, qui refusent – ou non – de s’inscrire dans tel ou telsystème, dans telle ou telle société : ce serait même une condition nécessaire à ce flux complexe.
Cependant, il s’avère les facteurs qui interviennent dans l’histoire peuvent tout à fait provenir du hasard : des conditions naturelles défavorables, les dispositions des individus au moment de sceller une décision de première importance ou encore les pulsions et les désirs qui influencent les hommespeuvent tout à fait changer irrémédiablement le cours de l’histoire : des petites causes peuvent avoir de grands effets, à l’insu de leur volonté. De plus, les hommes peuvent agir en visant un certain but et en croyant l’atteindre, sans pour autant être sûr des conséquences : l’histoire a un caractère tout à fait imprévisible et semble parfois se réaliser à l’insu de la volonté des hommes.
Néanmoins,bien que le hasard tienne une place importante dans la réalisation des faits historiques, les buts des actions effectués par les hommes sont voulus ; mais les actions des hommes, qui sont individuelles, participent à l’élaboration d’une action universelle. Ainsi, ce serait la rencontre de toutes ces volontés et du hasard qui feraient l’histoire. Et, il se pourrait même que l’homme, prisindividuellement, en poursuivant ses fins particulières, participe à son insu au dessein de l’humanité.
L’homme, à la différence de l’animal, possède une « histoire », c’est-à-dire qu’il se rend compte des évènements passés, il a la capacité de les connaitre, de s’y référer. Aussi, il a la capacité d’agir sur son présent et d’influencer le cours de son histoire, de l’époque dans laquelle il…