Musset, On ne badine pas avec l’amour, 1834
Introduction :
Musset est introduit au cénacle romantique très jeune et suscite rapidement l’intérêt de ses maîtres non seulement par sa désinvolture mais surtout par sa personnalité hors norme. Mais cet « enfant de génie », selon Sainte-Beuve, après avoir donné l’essentiel de son œuvre en l’espace de 7 ans (1830-1837), sombre Dans un oublirelatif puis resurgit, usé, sous la lumières des théâtres. Raillant les exigences étriquées des romantiques et des classiques, il cherche une voie personnelle où explorer les passions humaines : son originalité le mène droit au désastre dès ses premiers pas au théâtre. La Nuit vénitienne (1830) marque un échec sans appel et la décision de Musset de ne plus faire représenter ses pièces sur scène. Ilécrit alors deux pièces, pour la seule lecture le pratique du théâtre dans un fauteuil. Ce qui es inconcevable à l’époque : les caprices de Marianne (1833) et On ne badine pas avec l’amour (1834). Dans ces deux œuvres, l’inconstance des sentiments, la douloureuse expérience
De l’amour, la fragilité de l’être apparaissent comme des thèmes récurrents et fondateurs d’une œuvres à part dansl’esthétique romantique.
On ne badine pas avec l’amour évoque la découverte de l’amour de Perdican et de Camille. Leur orgueil réciproque les mène à jouer, à mentir, pour ne pas se dévoiler et pour provoquer l’autre. Perdican rusera avec la sœur de lait Camille, Rosette à qui ce premier fait une demande en mariage. Mais, elle découvre que Perdican aime Camille et que leur amour est mutuel. Par émotion,elle en meurt. Un drame abouti, mêlant le « grotesque et le sublime ».
Dans l’acte I, scène 1 les 2 personnages principaux ne se sont pas encore présents, leur précepteur, Blazius et Dame Pluche, par un dialogue assez particulier avec le Chœur nous les présentent.
Lecture du texte :
Question : En quoi cette scène d’exposition est-elle à la fois traditionnelle et originale ?Nous allons commencer d’une part, avec une scène d’exposition traditionnelle, puis d’autre part avec une scène d’exposition fantaisiste.
I°) Une scène d’exposition traditionnelle
a) Indication sur les personnages
– Double présentation des personnages secondaires
• Présentation indirecte : le Chœur présente Blazius et Pluche physique et psychologiquement
•Présentation directe : Par leur discours, leur style et leur comportement les personnages se présentent eux même et confirment ce que le chœur en avait dit.
– Présentation indirecte des personnages principaux par Blazius et Pluche.
• terme qui renvoient à la description physique et psychologique : « ventre rebondi, yeux à demi fermé, triple menton » / « longue jambes maigres, colère, mains osseuses »/ « jeune Perdican, sa majorité, sa gracieuse personne ») « la belle Camille, sagesse, dévotion, pur » => présentation de tous les personnages.
• Champs lexical du statut social : « messer, maître, seigneur, gouverneur, monseigneur, dame, Château » => présentation des rôles de chacun. Opposions entre les rôles de gouvernante / précepteur et les jeunes.
• Champs lexical de la culture : «docteur, livre d’or, latin, parchemins » = Perdican est un personnage érudit.
• Champs lexical de la religion : « couvent, dévotion, pur, ange, colombe, nonnain, dieu du ciel » = Camille = foi religieuse. Ce qui suggère une certaine ignorance de la vie, une certaine innocence.
• Champs lexical de la boisson : « vendange, amphore, vin, buvez, gorgée, verre d’eau, vinaigre » = symboles qui véhiculentpour Blazius une image de bonne chair, une image beaucoup plus aigre, pour pluche.
• Comparaisons : « pareil à une amphore antique » = image de bonne chère, connotions euphorique. « comme la fièvre, avec le vent qui fait jaunir les bois » = image maladive, agressive. « nos blés sont secs comme vos tibias » = image de dessèchement, d’aigreur, de maladie.
• Deux présentations de Perdican…