Bocklin

I – Un art qui témoigne d’une inquiétude vis à vis de l’évolution de la société

1)L’avènement de la Révolution Industrielle

L’événement majeur du XIXe siècle est la Révolution Industrielle. Elle débute en Angleterre puis s’étend à toute l’Europe. L’époque est dominée par le matérialisme et la rationalisation du monde. Deux courants artistiques se développent dés lors. Les artistes doiventchoisir entre décrire la réalité du monde moderne ou s’inscrire dans la continuité du Romantisme avec l’échappatoire de l’imaginaire. Ainsi naissent le Réalisme avec l’objectif de reproduire objectivement le monde et le Symbolisme essayant de résister à une époque jugée décadente.
Böcklin adhère rapidement à cette idée. Il est également marqué par la guerre de 1870 et en vient à la conclusionque la société est absurde. Il traduit ce rejet et ce pessimisme en premier lieu par des peintures teintées de sombre mélancolie.

2)La mélancolie : conséquence directe d’une époque jugée dégénérée

La peinture de Böcklin est fortement marquée par ses voyages (Suisse, Allemagne, Italie) . Lorsqu’il quitte définitivement l’Italie dans les années 60, il peint la mélancolie qu’il éprouve pourelle, où la nature est plus intacte et l’industrialisation moins développée. Böcklin souhaite faire ressurgir la symbolique d’un idéal passé, en réponse à un monde matérialiste et positiviste. Son tableau Villa en bord de mer, combine à la fois une tristesse prononcée et une esthétique de la décrépitude. La gamme chromatique est limitée avec des tons morne, les arbres penchés et les remous de la mertémoignent d’un vent fort, le ciel est tourmenté et obscure ? jour « triste » ? représente l’état d’âme du personnage. La femme elle même est penchée, comme sans énergie, plongée dans une méditation avec son regard tourné vers le lointain. Son regard semble se perdre dans cet infini avec une grande nostalgie, comme dans l’espérance d’un monde meilleur loin d’ici. De plus, les marches et les mursde la villa tombant en ruine sont peints avec soin et exprime la dégénérescence du monde : villa = luxueux ? ruines, monde naturel ? industrialisation => Pays va à sa ruine.
Idéal qu’il recrée en suivant la tradition romantique, c’est à dire de peindre une Nature sublimée.

3)Une nature sublimée comme échappatoire à un monde prosaïque

En 1845, Böcklin quitte Bâle pour aller étudier àDüsseldorf. La peinture de genre et le paysage y avait une place de choix. Il se forme alors à cette discipline et cherche à transcrire les phénomènes naturels des paysages en animant la végétation et en capturant les atmosphères. Par exemple, son œuvre Le Bosquet Sacré, met en avant la beauté de la Nature avec des tons chauds, une lumière dorée et une atmosphère paisible qui semble imperturbable. Lesdifférents éléments naturels sont détaillés avec une grande précision et une grande virtuosité. Bocklin portait une attention particulière à ce que ses paysages soient très proches de la réalité, ce qui peut sembler paradoxal vu qu’il essaie de fuir la réalité d’un monde trop trivial. Cependant il souligne le coté surpuissant de la nature par le contraste entre cette magnifique clairière avec cettedouce lumière, ces tons chauds, ces arbres immenses et la petitesse des personnages blancs. Le bosquet est imposant et rappelle l’homme que face à la Nature il sera toujours faible malgré tous les progrès techniques qu’il peut faire. L’idée d’une vision qui s’oppose à l’aliénation croissante du monde se manifeste d’autant plus lorsqu’il ajoute au paysage des figures étranges et mystérieuses.II] Au delà du réel, le surgissement d’un univers onirique en réponse à cette évolution

1)Un détachement vis à vis des conceptions impressionnistes

Böcklin se refuse à partager l’esprit de l’art de son temps. Les peintures « à la mode » témoignent d’un adoucissement général des couleurs et Böcklin choque dans les rangs des peintres de plein air aux tonalités pastel. Il a une prédilection…