La réussite pour certains…

On s’était habitué à l’idée que l’école avait sa part de responsabilité dans l’échec scolaire des élèves. Que la réduction de cet échec était une des finalités d’une école démocratique. Il va pourtant falloir penser autrement si l’on en croit Brice Hortefeux. Lorsque le ministre de l’intérieur déclare au Monde (daté 22 -23 août), au détour d’un entretien sur la sécurité, « je trouve qu’on a tropparlé de l’échec de l’école plutôt que de celui de l’élève qui ne travaille pas assez », il apporte un éclairage à trois ans de politique éducative. Disant à haute voix ce que d’autres pensent tout bas. Si l’élève est responsable de son mauvais niveau scolaire, à quoi bon consacrer toujours plus de ce précieux argent public pour offrir de meilleures conditions de réussite aux 12 millions d’élèves,quand il suffirait qu’ils passent un peu plus de temps devant leurs manuels ?
Avec les alertes par email en cas d’événement majeur, suivez l’information en temps réel
Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 1 mois offert
Sur le même sujet
La rentrée s’annonce difficile pour les enseignants stagiaires non expérimentés.
Télézapping La rentrée c’est dur, même pour les profs
Manifestation contrela réforme de l’éducation, dont la disparition des IUFM, le 5 février 2009 à Lyon.
Chat Que valent les maîtres sans formation pédagogique ?
Témoignages « Je n’ai pas la moindre idée de la réalité d’une classe »
Les faits 15 350 euros pour scolariser un « dur-à-cuire »
Les faits La drôle de rentrée des professeurs stagiaires
Cadrage Douze millions d’élèves, collégiens et lycéens sur le chemin dela rentrée
Qu’a fait Nicolas Sarkozy pour l’école ?
Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ / mois
+ 1 mois offert

Voilà qui permet de relire la suite des coupes claires dans le budget, et l’abandon de pans entiers du système, le tout agrémenté d’initiatives ponctuelles, permettant de sauver la collégienne méritante qu’un maintien dans sa zone d’éducation prioritaire (ZEP) oubliée aurait conduit à undiplôme peu monnayable. La sauver, elle qui veut travailler, est plus aisé que d’améliorer tout le système. Cela coûte tellement moins cher. Cela donne bonne conscience, lorsqu’on sait que le tri scolaire se fait moins sur le mérite que sur les conditions socio-économiques. Et cela ramène au temps où la réussite de quelques fils de paysans suffisait à faire croire que celle de tous étaitpossible.

Que se passe-t-il depuis 2007 ? La face positive de l’école selon Nicolas Sarkozy, c’est que tous les élèves du primaire au bac peuvent bénéficier de deux heures hebdomadaires d’accompagnement personnalisé assuré par des enseignants. La mesure entre en vigueur cette année en classe de seconde. C’est un des points forts de la réforme du lycée. Revers de la médaille, tout le système a étépressuré. Aux 50 000 postes disparus, répondent heures supplémentaires des enseignants et prestations de vacataires. La maternelle a quasiment fermé ses portes aux moins de 3 ans, l’école élémentaire offre 24 heures de classe aux élèves, contre 26 heures avant, le lycée aussi a rogné ses heures de cours.

En lisière de cette école mise à mal, fleurit une kyrielle de micro-initiatives qui donnentl’illusion du mouvement, de la nouveauté. L’idée que l’école change. En réalité, ce sont des palliatifs ponctuels qui font croire aux changements de fond, alors que le travail s’effectue sur les marges. Une politique du compte-gouttes et de l’exception. Une école qui offre à la méritante petite élève un billet pour l’ailleurs, faute de lui garantir à sa porte celle de la réussite. Cette école-là n’estpas une école de la réussite pour chacun mais pour quelques-uns. Pour les héritiers, pas de problème. Pour ceux qui ne sont pas nés au bon endroit, ils n’ont plus qu’à tenter de se glisser dans l’exception.

Avec de très bonnes notes en primaire, des conditions de vie difficiles, notre élève méritante peut se voir proposer un internat d’excellence. M. Chatel ouvre 2 900 lits sur douze sites….