Pascal argumentation

Paul Bénichou affirme : « J’ai toujours trouvé Pascal très saisissant ; je ne l’ai jamais trouvé très démonstratif. » En vous appuyant sur les extraits étudiés, dites si vous partagez son opinion.

Anayse du sujet : sujet centré sur distinction entre deux termes : « saisissant » et « démonstratif » ; de plus noter nuance « jamais très démonstratif » ?P. Bénichou ne dit pas que Pascal n’est pasdémonstratif.

« saisissant » : qui surprend (en parlant d’une sensation, d’une émotion ) ; étonnant, frappant.

« démonstratif » : qui démontre, convaincant ;
« démontrer », c’est prouver la vérité d’une thèse, sans avoir besoin de faire adhérer le destinataire (? pas de procédés de persuasion) ; « c’est partir d’une vérité admise par tous pour mener logiquement à la vérité de laconclusion. La démonstration s’appuie sur des preuves et sur la cohérences des enchaînements : elle ne dépend pas des personnes et de leurs opinions. Comme dans les textes scientifiques, elle cherche à établir une vérité objective, universellement reconnue, sans engagement subjectif du locuteur. » (Méthodes et pratiques, Bordas).

? problématique : quelle stratégie Pascal utilise-t-il dans lesPensées ? Utilise-t-il les sentiments davantage que la logique, l’esprit scientifique ; s’adresse-t-il plus au sentiment qu’à la raison ?

– Idées pour l’intro : rappeler importance des sciences ds vie de Pascal ; à la fin de sa vie entreprend une apologie de la religion chrétienne ? œuvre à visée argumentative : il s’agit de convaincre les libertins ? on pourrait s’attendre à ce que l’espritscientifique domine la stratégie adoptée ; cepdt, selon P. Bénichou, P. est au contraire « très saisissant » et « jamais très démonstratif »? problématique ? annonce du plan.

I. Un Pascal démonstratif …

1°) une œuvre marquée par l’ordre et la logique

– liasse « Ordre » ; plan des Pensées ; succession logique des liasses ;
– organisation de certains fragments ; connecteurs logiques … (cf.cours sur l’argumentation, II, p.3)

2°) un style scientifique. (cf. cours sur l’argumentation, II, pp.3-4)

– tournures impersonnelles, présent de vérité générale
– démonstrations ; antimétaboles …

3°) une démonstration atténuée.

– engagement subjectif du locuteur : expressions impersonnelles concurrencées par marques de la 1ère personne du singulier (ex. fr. 64 : très nombreusesoccurrences, etc.) ; exposé des sentiments (« je m’étonne » récurrent ; fr. 48 « Que j’aime à voir » ; tournures exclamatives …
-art de la digression : le détour permet de créer une certaine souplesse, de mener le lecteur à la conclusion voulue en évitant la sécheresse et le dogmatisme (cf. échos entre les fragments ; diversité des points de vue adoptés pour la même notion (cf. relativité de lajustice : fr. 18 ; 47 ; 56 à deux reprises ).

II. … mais surtout saisissant.

1°) une œuvre adressée

Grande présence du destinataire :
– marques d’énonciation : le « nous » très fréquent, réunit le locuteur et le destinataire, met l’accent sur leur communauté d’expériences (ex. fr. 43, fr.52 ; fr. 66, fr.111 …) mais la 2éme personne du pluriel est présente également (fr. 122 «Quedeviendrez-vous donc […] quel paradoxe vous êtes à vous-même […] » ;
– formes injonctives et apostrophes (ex. fr. 122 : « […] ô homme qui cherchez quelle est votre véritable condition […] Connaissez donc, superbe, […] )
– questions rhétoriques :, fr. 108 « Car qui se trouve malheureux de n’être pas roi sinon un roi dépossédé ? » ; ex. fin fr. 19 très habile car laisse le destinataire face auquestionnement ; id. fr. 106. – – dialogues : (cf. projet exposé ds Liasse I.) ; fr. 47 ; prévoit même parfois objections du destinataire : fr. 123 ; 129 ;

? Pascal utilise des moyens très variés pour que le lecteur se sente sans cesse impliqué dans son discours, qu’il soit « saisi ».

2°) une esthétique de la surprise

– en apparence, absence de lien sémantique ou thématique entre les différents…