IDE, SPILLOVERS et CROISSANCE DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT :
APPLICATION au CAS de la Tunisie ET DU MAROC.
Mohamed-Karim ABDELLAOUI
Chercheur CATT, Université de Pau et des pays de l’Adour
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Laurent GRIMAL
Maître de Conférences, GRAICO, Université de Haute Alsace
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Résumé : Ce papier se consacre à la relation croissance / IDE.Après un rapide survey de la littérature théorique et empirique sur ce sujet dans les pays en voie de développement, il s’avère qu’il y a une absence de consensus sur cette relation. Ce résultat est inhérent à des facteurs spécifiques aux pays : écart technologique, effet de seuil du capital humain, variables institutionnelles,… Nous tentons donc de clarifier ce débat en examinant dans quelle mesurel’information disponible pour le Maroc [1960-2003] et la Tunisie [1961-2003] permet de vérifier la contribution des politiques d’ouverture internationale (commerciale et IDE) et d’éducation sur la croissance du PIB. Nous plaçons le rôle du capital humain au cœur du mécanisme en analysant son impact sur la croissance et la manière avec laquelle il interagit avec l’ouverture de ces économies. A ceteffet, des équations économétriques qui mettent en relation le PIB, le capital humain et l’ouverture internationale sont testées. L’objectif est de vérifier les relations de causalité de court et de long terme au sens de Granger entre ces variables. Les résultats sont obtenus grâce à trois méthodologies différentes : les tests de causalité, les tests de cointégration et le modèle à correctiond’erreurs. Le second volet de l’analyse empirique est consacré à l’estimation de l’impact des IDE, de l’ouverture commerciale et de la proxy de capital humain dans le taux de croissance de la productivité totale des facteurs entre 1976 et 2003.
Introduction
Le cadre de partenariat entre l’Union Européenne et les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM) lancé en novembre 1995 avec laConférence de Barcelone avait pour principal objectif la construction d’une zone euro-méditerranéenne de prospérité partagée et l’instauration progressive d’une zone de libre-échange. Les divers programmes de coopération industrielle, économique ou technologique entre l’Union européenne et les pays méditerranéens devaient quant à eux permettre un renforcement des transferts de technologie vers le Sud.L’idée sous jacente à ces programmes est que, conformément aux analyses de la croissance endogène, les activités de R&D sont considérées comme le facteur clé de la croissance de la productivité des facteurs de production et in fine du revenu par tête. Or, les Etats ou les firmes des pays méditerranéens n’ont pas forcément les moyens humains et financiers pour s’engager fortement dans des activités de R&D.Ainsi, si le coût d’imitation des technologies existantes est inférieur aux coûts d’innovation et de développement et si la nouvelle technologie initiée dans des pays développés peut être transférée, les pays en voie de développement pourraient rattraper les pays leaders en minimisant leur propre investissement de R&D (Barro & Sala-i-Martin, 1997). Ainsi, il s’agit :
– de comprendre lesmécanismes qui sous tendent les transferts de technologies et de connaissances entre pays développés et pays en voie de développement ;
– de déterminer les conditions selon lesquelles ces transferts peuvent se traduire par un effet positif sur la croissance économique.
Ces deux questions ont été au cœur de nombreuses préoccupations ces dernières décennies comme en témoigne la somme des travauxthéoriques et empiriques faite sur ce thème. Ainsi, une des premières voies explorées fût celle des importations de biens manufacturés comme support au transfert technologique. La littérature a mis en évidence la possibilité d’un effet d’apprentissage par l’exportation[1] selon lequel les firmes domestiques améliorent la qualité de leur produit et de leur processus de production à…