Mitterand

François Maurice Adrien Marie Mitterrand est né dans la ville charentaise de Jarnac, au sein d’une famille bourgeoise catholique et conservatrice. Son grand-père paternel était chef de gare à Jarnac, fils d’un éclusier du Canal de Berry, et un catholique pratiquant. Son père Joseph, était ingénieur de la Compagnie du Chemin de fer de Paris à Orléans, puis devint industriel vinaigrier et présidentde la fédération des syndicats de fabricants de vinaigre. Sa mère, Yvonne Lorrain, issue d’une famille de tradition républicaine, était la fille de Jules Lorrain, un négociant en vins et eaux de vie et un conseiller municipal de Jarnac (et neveu par alliance du ministre Léon Faucher). François a trois frères : Robert (1915-2002), polytechnicien ; Jacques (1918-2009), général d’armée ; Philippe,(1921-1992), exploitant agricole et ancien maire de Saint-Simon en Charente, et quatre sœurs : Antoinette, épouse Ivaldi ; Marie-Josèphe ; Colette, épouse du capitaine Landry ; et Geneviève (1919-2006), épouse Delachenal.
François grandit dans une famille fortunée, ayant l’électricité dès 1922. Il fréquente l’école communale de Jarnac avec son frère Robert jusqu’en 1925. Cette année-là, Françoisentre au collège Saint-Paul d’Angoulême pour entamer des études secondaires. Il se révèle excellent en histoire, en géographie, en latin et en instruction religieuse, et prend goût pour la littérature. Il devient membre de la JEC, structure étudiante de l’Action catholique. En 1933, un discours lui vaut de remporter le Championnat de l’Éloquence.
Il obtient son baccalauréat en 1934 et décide des’inscrire aux Facultés des lettres et de droit de Paris. À son arrivée dans la capitale, il s’installe au 104 rue de Vaugirard, où se trouve un foyer de pères maristes. Parallèlement, il entre à l’École libre des sciences politiques, de laquelle il sort diplômé en juin 1937. La même année, il obtient un diplôme d’études supérieures (maîtrise) de droit public, suite à l’obtention d’une licence èslettres l’année précédente1.
À partir de novembre 1934, François Mitterrand milite pendant environ un an aux Volontaires nationaux, mouvement de jeunesse de la droite nationaliste des Croix-de-feu du Colonel de La Rocque2. Il participe aux manifestations contre « l’invasion métèque » en février 1935 puis à celles contre le professeur de droit Gaston Jèze, après la nomination de ce dernier commeconseiller juridique du Négus d’Éthiopie, en janvier 19363. Il cultive par la suite des relations d’amitiés ou de famille avec des membres de La Cagoule4. Il est un temps critique littéraire et écrit sur la société contemporaine et la politique dans la Revue Montalembert et dans le quotidien L’Écho de Paris d’Henry de Kérillis, proche du Parti social français. Il y écrit notamment un articleregrettant que le quartier latin se soit laissé envahir par le « dehors ». « Désormais, le quartier Latin est ce complexe de couleurs et de sons si désaccordés qu’on a l’impression de retrouver cette tour de Babel à laquelle nous ne voulions pas croire5. » Il publie également le 18 mars 1936, un compte-rendu de la conférence donnée par Marcel Griaule sur l’Éthiopie, concluant notamment qu’« Il esttoujours utile de connaître l’histoire de peuples si particuliers, et, en même temps, si pareils aux autres, car, au fond, ce n’est pas la couleur de la peau ou la forme des cheveux qui ont donné quelque valeur aux âmes6. ». Il se serait aussi inquiété de l’expansionnisme nazi lors de l’Anschluss dans l’un de ses articles 7. En 1937, il obtient son diplôme de l’École libre des sciences politiques8 ets’inscrit pour le Service militaire dans l’infanterie coloniale. Il y rencontre son grand ami, Georges Dayan (juif et socialiste) après l’avoir sauvé d’agressions d’antisémites de l’Action française et devient son meilleur ami9. En septembre, il est incorporé pour son service militaire dans le 23e régiment d’infanterie coloniale.
En septembre 1939, à l’engagement de la France Seconde Guerre…