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Nabokov, d’outre-tombe
Un roman inédit et inachevé de Vladimir Nabokov intitulé The Original of Laura paraîtra le 3 novembre prochain chez Penguin en Grande-Bretagne et Knopf aux États-Unis. EnFrance, l’ouvrage sera publié par les éditions Gallimard mais la date de parution n’a pas été précisée.

Vladimir Nabokov écrivait dans son lit. Ou dans une voiture, quand il vivait en Amérique, auhasard des routes. À l’aide d’un gros crayon dont il affûtait sans cesse la pointe, sur des cartes Bristol numérotées. Il en avait 138 pour son dernier roman, The Original of Laura : Dying is Fun (L’original de Laura : mourir est un jeu ), titre qu’il abréviait en TOOL . Nabokov avait commencé son opus ultimum en décembre 1974, trois ans avant sa mort. Ce devait être un roman sans je , sans il, maisavec un narrateur présent tout au long, un oeil qui passe. Ce dernier roman ne devait pas voir le jour ; nous ne le connaissons que par des allusions dans les lettres de l’écrivain. En octobre 1976(il lui reste un an à vivre), il écrit à la New York Times Book Review : « J’ai lu le manuscrit pas tout à fait achevé du roman que j’avais commencé à écrire et à retravailler avant ma maladie, et quifut achevé dans mon esprit. »

En fait, Nabokov n’écrit pas son propre roman. Il le lit en lui-même, comme si c’était le livre d’un autre. Des dizaines de fois, il croit le lire, le relire, le délire àhaute voix, dans un jardin clos, à un public composé de paons, de pigeons, de ses parents morts depuis longtemps, de deux cyprès, de plusieurs jeunes infirmières accroupies autour et d’un médecin defamille si vieux qu’il est presque invisible. Il craint que ses faux pas et ses quintes de toux ne lassent les auditeurs de l’histoire de sa pauvre Laura pas tout à fait achevée. Quand la mort leprend, en 1977, Nabokov n’a pas eu le temps de la transcrire sur le papier pour son éditeur, McGraw Hill. L’ensemble des fiches resta trente ans enfermé dans le coffre d’une banque suisse, car Vera, sa…