La Technique
(précisions du cours sur le travail. Le cours sur la technique peut être relié à la notion de culture, d’art, d’histoire, de matière et esprit, de conscience, d’éthique et de bioéthique)
I°/ Essai de définition
Ensemble de procédés transmissibles permettant de reproduire des fins utiles.
Le terme technique vient du grec technikos qui concerne un art, de techné, art manuel,métier, habileté à faire quelque chose. Dans le sens ancien, la technique est l’ensemble des procédés d’un métier ou d’un art s’appliquant au travail manuel, notamment à l’usage des outils en tant qu’objets matériels ajoutant aux propriétés du corps humain celles de corps naturels et étendant sa puissance dans l’espace et le temps (hache, masse, épée…)
Au sens moderne, technique est synonyme desciences appliquées, la technique n’est en ce sens pas séparable du progrès des sciences physiques, utilisation systématique des forces naturelles ou transformées se substituant à la force musculaire de l’homme actionnant des machines de plus en plus complexes.
II°/ L’homme est un homo faber
L’homme avant d’être un homo sapiens est un homo faber, telle est la thèse que va défendre Bergson (XXème) dans son ouvrage L’évolution créatrice : « Si nous pouvions nous dépouiller de tout orgueil, si pour définir notre espèce nous nous en tenions strictement à ce que l’histoire et la préhistoire nous présentent comme la caractéristique constante de l’homme et de l’intelligence, nous ne dirions peut-être pas homo sapiens, mais homo faber. En définitive, l’intelligence envisagée dans ce qui enparaît être la démarche originelle est la faculté de fabriquer des objets artificiels en particulier des outils à faire des outils et d’en varier indéfiniment la fabrication. »
Dans ce passage Bergson nous explique que l’homme avant d’être un être de sagesse a été un concepteur d’outil, un inventeur. Par les outils l’homme a pu transformer la nature, enrichir la culture. En effet si l’homme a réalisédes outils permettant de faire d’autres outils, c’est parce qu’il a créé aussi des machines, et que grâce à celles-ci il a acquis de nouveaux savoir-faire. A l’encontre de ce que qu’expose Platon dans Le Protagoras, l’intelligence de l’homme n’est pas un don divin, car sur le plan évolutif, selon Bergson, c’est la nécessité de créer des moyens de subsistance, qui a conduit l’homme à devenir uninventeur.
III°/ Du mythe platonicien à la conception aristotélicienne.
Dans le Protagoras de Platon, on peut lire le mythe de Promethée et d’Epimethée, défendant l’idée selon laquelle l’intelligence et la technique sont des attributs divins donnés aux hommes. Alors que Zeus avait demandé aux deux fréres Promethée et d’Epimethée, de distribuer à chaque espèce des moyens de subsistance,Epimethée souhaitant réaliser ce travail seul, attribue aux uns des griffes, aux autres des cornes, aux autres de la fourrure… mais quand vient le tour de l’homme, il ne lui reste plus aucun attribut à lui donner pour survivre. L’homme se retrouve nu, sans défense. Pour remédier à sa faute, il demande à son frére Promethée de l’aider. Ce dernier décide alors d’aller voler l’intelligence à Athéna et lefeu à Héphaistos. (On sait que ces deux vols attiseront la colère de Zeus qui punira Promethée en le condamnant à avoir le foi éternellement dévoré, et à Epimethée à qui il offrira une belle créature, Pandore, qui sera elle même à l’origine de tous les maux de l’humanité.) Pour Platon donc, l’intelligence et le feu sont des attributs divins qui de ce fait sont comme ajouter à l’essence de l’homme.Cette conception sera remise en question par Aristote qui préfigure ce que dira Bergson. Dans son ouvrage intitulé Parties des animaux, (IV ème partie), Aristote écrit :
«Ce n’est pas parce qu’il a des mains que l’homme est le plus intelligent des êtres, mais c’est parce qu’il est le plus intelligent qu’il a des mains. En effet, l’être le plus intelligent est celui qui est capable…