SÉMINAIRE EUROMONEY CONFÉRENCE DE PARIS SUR LA FINANCE ISLAMIQUE
PARIS (29, 30 SEPTEMBRE 2009)
DISCOURS DE C. NOYER : « Stabilité mondiale, l’avenir des marchés de capitaux et de la finance islamique en France »
Mesdames et Messieurs, C’est pour moi un grand plaisir de m’exprimer devant un auditoire d’une telle qualité. Alors que les économies traditionnelles sont encore plongées dansune grave crise et qu’une partie de la pensée économique classique est remise en question, cette réunion nous offre une belle opportunité d’examiner de quelle manière la finance alternative, et en particulier la finance islamique, peut contribuer à la reprise économique. Ces deux dernières années, les autorités françaises, en concertation active avec les professionnels, notamment viaParis-Europlace, ont adopté d’importantes réformes pour permettre l’introduction en France de la finance respectant les principes de la Charia. En tant que gouverneur de la Banque de France, institution chargée de délivrer leur agrément aux banques françaises, je souhaiterais tout particulièrement évoquer les travaux qui sont actuellement menés dans le but d’agréer des banques islamiques dans des conditions depleine sécurité. Je reviendrai sur ce point ultérieurement…
S’agissant plus particulièrement du sujet sur lequel j’ai été invité à intervenir, je voudrais aborder plusieurs points : ? premièrement, la relation existant entre la refonte actuelle du cadre de régulation financière et la finance islamique ; ? deuxièmement, le rôle que la finance islamique pourrait jouer en France ; ? troisièmement,la relation entre finance islamique et stabilité financière ; ? enfin, je voudrais évoquer les conditions que les banques islamiques doivent satisfaire pour que leur implantation en France participe du bon fonctionnement du système bancaire. ??? 1/ La crise actuelle illustre l’effet de contagion rapide induit par la mondialisation financière. Cependant, il est important de souligner que lamondialisation financière n’est pas, en ellemême, à l’origine de la crise, celle-ci ayant plutôt mis à jour des défaillances de la régulation financière. En effet, la crise a fait apparaître la nécessité de mieux évaluer et prévenir les risques au sein du système financier dans son ensemble, et de ne plus se limiter simplement à la surveillance des risques encourus par chaque établissement. Elle amontré également que certaines caractéristiques du dispositif réglementaire ont eu pour effet d’amplifier le cycle économique et non de l’atténuer. C’est pourquoi le G20 a élaboré un ambitieux programme de réforme de la régulation financière, qui couvre quatre domaines principaux : le renforcement des normes prudentielles, la redéfinition du champ de la régulation, la révision des normes comptables etle renforcement de la gestion du risque. Nous verrons ultérieurement que ces domaines trouvent un écho puissant dans la finance islamique, qui doit elle aussi traiter les problèmes de manque de transparence, d’égalité de traitement et à d’harmonisation de la régulation. Par conséquent, la refonte de la régulation de la finance traditionnelle devrait être l’occasion pour la finance islamique des’attaquer à ces problèmes et de mieux s’intégrer dans la mondialisation financière. 2/ En France, en particulier, la finance islamique a un rôle à jouer, qui pourrait bénéficier à la fois aux investisseurs islamiques et à l’économie française.
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En effet, l’économie française offre aux investisseurs islamiques d’importantes opportunités d’investissement diversifiés dans le financement d’un vasteréseau d’entreprises et de projets souvent novateurs, ou dans l’immobilier. Ces fonds souverains, ces sociétés ou ces particuliers fortunés doivent avoir la possibilité d’investir, soit directement dans des actifs ou projets individuels, soit indirectement par le biais de fonds ou de véhicules collectifs. Il appartient aux banques d’offrir à ces investisseurs les produits, placements ou…