George Sand (1804-1876)
« Je ne suis qu’un romancier, c’est-à-dire un pauvre composé de poète et de peintre » écrit George Sand en 1843 à Mazzini, « je ne suis pas une intelligence politique ».
Plusieurs autres déclarations attestent le désir de George Sand de « ne pas faire de politique », et pourtant elle ajoute dans cette même lettre « quoique j’ai des sentiments politiques et un certainsens des idées sociales et philosophiques ».
En effet toute sa vie George Sand a manifesté son intérêt pour les luttes sociales. Et c’est cette défense des opprimés qui a fait d’elle, non seulement l’écrivaine de romans champêtres (La petite Fadette, La mare au diable, François le Champi…) mais aussi, ou surtout, la femme toujours prête à prendre position sur les grands débats ou évènementspolitiques de l’époque, sur le socialisme naissant, sur le féminisme. Son action, ses romans « de propagande » témoignent de cet intérêt indéfectible aux causes du peuple : « je serai jusqu’à ma dernière heure du parti des victimes contre les bourreaux ».
Hors des « passions politiques », George Sand prône toute sa vie
la tolérance, qui est le fondement de toute entente sociale. L’intoléranceentraînant au contraire de dangereuses dissensions. « Dans l’art, dans la politique […], on veut qu’il n’y ait qu’une vérité,… Là commencent l’erreur, la lutte, l’injustice et le chaos des discussions vaines » ;
(elle prône) la liberté individuelle, bien sacré qu’elle soutient en s’insurgeant contre la peine de mort, le régime carcéral ou la séquestration des aliénés ;
la liberté de la presse quil’amène à rompre avec la « Revue des Deux Mondes », après de violentes altercations avec Buloz – son co-fondateur – dont l’attachement à la Monarchie de Juillet lui fait écrire des « saloperies ». A propos de l’affaire Alibaud qui avait tenté d’assassiner Louis-Philippe et dont l’exécution était imminente, George Sand écrit à Buloz « Et puis ce petit coin d’adoration pour le bon roi qui se promènecomme un bon citoyen au milieu de sa ville ? Vous avez imprimé ces mots-là, mon cher Buloz, et vous avez imprimé une saloperie. D’abord Louis-Philippe n’est pas un bon citoyen, ensuite Paris n’est pas la ville de Louis-Philippe » ; cette liberté de la presse qui l’amène à créer « La Revue indépendante » en 1840 à laquelle adhérera Lamartine et (à l’instar de Lamartine qui avait lancé à Maçon « Le bien public ») « L’éclaireur de l’Indre » en 1844 « Je veux fonder un petit journal en Berry, pour résister à tous les abus de pouvoir », notamment à ceux de la presse parisienne omni puissante : « Chaque province a pourtant son tour d’esprit, son caractère particulier. L’existence d’un journal donne du mouvement à l’esprit, on se rapproche, on parle, on pense tout haut ».
(elle défend enfin)l’indépendance des nations Dans le sillage des opinions libérales de son siècle, George Sand va naturellement prendre parti pour les mouvements révolutionnaires nationalistes polonais et italiens contre les forces impérialistes qui tentent de les écraser. « Je ne peux me défendre de recommander aux saintes prières ma cousine cette pauvre Pologne qui veut recouvrer son nom, sa langue, sanationalité, sa religion ! ». Elle restera jusqu’au bout le fidèle soutien de Mazzini. De même, elle critique la politique espagnole de Napoléon III et condamne la colonisation de l’Amérique du Sud.
(Avant tout) George Sand est socialiste, et elle l’a affirmé toute sa vie.
Bien sûr, elle connaît les doctrines socialistes, elle lit les grands penseurs – Lamennais, Louis Blanc, Proudhon, lesSaints-Simoniens. Mais elle n’adhère pleinement à aucune doctrine. Seule la pensée de Pierre Leroux, dont Jaurès disait qu’il était ‘le socialiste le plus pur’, la satisfait : et tout particulièrement sa foi en la perfectibilité humaine et sa condamnation de la propriété privée.
Au-delà des doctrines, le socialisme de Sand est de tous les instants et se retrouve dans ses livres. Elle n’est que sarcasmes…