Je me ferais savant, du bellay

Commentaire «Je me ferai savant », du Bellay

Du Bellay n’a pas connu le destin qu’il aurait pu espérer par son nom, de la famille d’un Cardinal. En réalité, il n’a eu qu’une vie médiocre, a eu du mal à réussir socialement. Mais c’est cette médiocrité qui va nourrir son oeuvre et le et qui va le rendre un des plus grand poètes du XVIème siècle. Du Bellay a fait ses études au collège Coqueretaux côtés de Ronsard, où il a écouté les leçons de l’humaniste Dorat, qui lui a rendu l’Antiquité familière. Il a appris l’italien et a eu autant de fascination pour Pétrarque que pour Virgile. Il a conçu le projet de renouveller et enrichir la langue français et a participé de ce fait à la rédaction de Défense et illustration de la langue française. C’est un homme dont l’oeuvre est remplid’amertume et de désillusion, même si c’est une oeuvre de qualité. Désillusion militaire, quand, en 1553, il suit son cousin à Rome pour accomplir une missions diplomatique, mais il est déçu des vestiges de la Rome antique, déçu des réalités de la Cour papale. Ce voyage lui inspire deux recueils: Les Antiquités de Rome et les Regrets. En France, il vit un malaise par rapport à Ronsard, qui, quant à lui, adu succès à la Cour.
Ce sonnet est issu des Regrets, recueils composé à la fois à Rome et en France. Il est en quelques sorte son journal intime écrit en vers, qui nous fait part de ses cruelles désillusion, de son ambitions politiques soldée par un emploi subalterne, ainsi que de sa découverte chez les Romains d’un monde d’intrigue qui l’a déçu. Dans ce recueil, ces poèmes exprime sadésillusion tantôt sur un ton satirique, tantôt sur un ton élégiaque. Ils expriment une rupture entre les grands idéaux des poètes de la Pléiades et de la réalité. Le sonnet dont nous traiterons utilise un ton proche de la confidence intime, le poète se plaint de l’inutilité du voyage accompli, présenté comme un échec personnel.
Nous nous demanderons comment du Bellay, grâce à la forme contraignante dusonnet, se prête ici à l’évocation contradictoire d’un rêve humaniste enthousiaste et d’une profonde déception.

On peut voir dans un premier temps que ce sonnet est le récit d’une expérience personnelle à valeur d’exemple,
En effet, ce poème est lyrique, très personnel, sa déception lui est propre: c’est celle qu’il a vécu à Rome. Cette déception est d’autant plus forte qu’elle retombe d’un vifenthousiasme. On note alors un ton différent de Rabelais ou encore de Thomas More, ici le poète est le héros de son histoire, ce qui ajoute un aspect émotionnel très fort, et met ainsi en scène un sentiment et non sa vie.
On note alors la présence de la première personne, une véritable mise en scène du « je », que l’on trouve à une place forte du poème, au vers 1 et 3, qui se trouve accentué parle verbe pronominal, « je me ferai », « je » étant alors sujet et COD montre que tout tourne autour du poète, ce poème est véritablement consacré à sa personne. Au second quatrain, vers 5 et 6, « je » est acteur à hémistiche, il occupe alors une place forte. On note aussi une exagération, « me vantais en moi », où le poète est alors COD et COI, qui donne un aspect redondant, montre que sa personneest enfermée en lui-même. Son orgueil est aussi omni-présent, on le voit à travers l’expression « comme moi » mis en valeur entre virgules et au milieu de l’allitération en [m]. Le tercet est alors étonnant, car il ramène tout à lui, alors qu’il serait supposé se comparer au marinier et non le contraire. Le poète met alors en avant de façon exagérée sa personne. Il utilise, ajouté à cela, un tonlyrique, présenté par la présence du « Ô » lyrique, de phrases exclamatives, d’un lexique plaintif « malheureux », « soin ». Nous constatons ainsi la thématique élégiaque traditionnelle: celle du voyage, « si loin », « voyageant », évoquant l’exil, ainsi que la fuite du temps, « vieillesse » et « âge ».
Ajouté à cela un jeu sur les temps verbaux représentatifs d’une expérience réelle, qui…