Voyage au bout de la nuit : Étude d’une réception (mémoire de maîtrise, par B. Jouy)
Voyage au bout de la nuit est un roman qui a daté l’histoire de lalittérature. Dès sa publication, le scandale et les polémiques soulevés par l’emploi de la langue orale et la dénonciation d’une société abrutissant et humiliant l’homme sontimmédiats. Le style surprend autant qu’il effraie, d’autant qu’il s’agit du premier roman d’un illustre inconnu. En 1932, l’introduction de la langue populaire enlittérature reste rare et il est encore moins fréquent que ce soit le narrateur qui parle cette langue, d’habitude réservée aux seuls dialogues. Céline frappe fort. Le projeta été longuement mûri, depuis Semmelweis, Progrès ou L’Eglise. Voyage correspond à l’aboutissement et la maturité d’une écriture que son auteur travaille depuis denombreuses années.
Voyage se divise en deux grandes parties. De façon très simpliste, la première relate les errances et les égarements de Bardamu, le narrateur, àtravers le monde et la seconde son retour à Paris et sa carrière de médecin. Céline utilise sans retenue les données de son expérience de soldat et de médecin pour doter saprose d’un style particulier, qui fera de Voyage un tel chef-d’œuvre. A la simple lecture de l’incipit du roman, on plonge déjà dans l’univers et la langue de Céline : » Ça a débuté comme ça. Moi, j’avais jamais rien dit. Rien. C’est Arthur Ganate qui m’a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade. On serencontre donc place Clichy. C’était après le déjeuner. Il veut me parler. Je l’écoute. « Restons pas dehors ! qu’il me dit. Rentrons ! » Je rentre avec lui. Voilà. «