Le travail dans l’Antiquité, le travail à l’époque moderne : différences essentielles ?
Nature
Le travail est l’activité qui vise à la transformation des ressources naturelles dans le but de les adapter aux besoins puis aux désirs de l’homme. Il s’agit donc d’une action volontaire et raisonnée de l’homme sur la nature, conduite par une méthode.
Dans l’Antiquité, la main était leprincipal outil de l’homme. Selon Aristote, la main prédestine l’homme au travail puisqu’elle lui permet de transformer la matière pour parvenir à ses fins. Ainsi l’agriculture, l’artisanat et même les grands travaux comme ceux des pharaons en Egypte Ancienne, étaient accomplis manuellement et nécessitaient une main d’œuvre abondante.
Depuis l’Antiquité, les hommes ont approfondi leurs connaissancesscientifiques et perfectionné leurs outils. La révolution industrielle a ouvert une nouvelle ère de l’histoire du travail : la mécanisation a radicalement transformé la nature du travail, soumis à des contraintes techniques de plus en plus complexes. La mécanisation croissante de l’industrie comme de l’agriculture vise à minimaliser le geste et ainsi à alléger l’effort physique du travailleur. Letravail manuel est en recul car, face aux possibilités des machines, il n’est plus satisfaisant du point de vue de la productivité.
Les Anciens opposaient l’otium au negotium. L’otium désignait l’activité du citoyen libre qui s’adonnait à des activités strictement intellectuelles tandis que le negotium (le travail, l’affaire en latin) n’était pas digne d’un homme libre. On qualifiait alors detravailleurs seulement ceux qui travaillaient de leurs mains. Aujourd’hui, si les machines permettent d’économiser des bras, le travail des hommes est toujours requis pour concevoir et superviser les machines. De plus, le travail manuel périclitant, les intellectuels, dont l’activité relevait dans l’Antiquité du loisir de l’homme cultivé, sont maintenant considérés comme des travailleurs. On ditaujourd’hui d’un enfant qui réussit à l’école qu’il « travaille » bien. Il n’y a pas si longtemps, il « apprenait » bien.
Fonction
Dans l’Antiquité, le travail visait d’abord à satisfaire les besoins primaires de l’existence humaine. Dans La République, Platon souligne que les hommes ne peuvent pourvoir seuls à leurs besoins et qu’il leur faut pour cela le secours des autres. La répartition destâches selon les aptitudes de chacun, assure alors la satisfaction des besoins de l’ensemble de la communauté. Cette association (societas en latin) est à l’origine de la Cité selon Platon. La société résulte donc directement du besoin.
Considérant la place dominante du travail à l’époque moderne, on ne peut affirmer avec Aristote que travailler, c’est «produire les conditions matérielles de notreexistence» car le temps que nous consacrons à notre travail va bien au-delà du strict nécessaire. D’abord, avec les progrès de la technique, de la science et de la connaissance du monde, nos désirs sont de plus en plus difficiles à assouvir. Nous ne travaillons plus pour produire le nécessaire à la préservation de notre existence mais pour tenter de réaliser nos désirs. De plus, le travail a acquisd’autres fonctions. Il est facteur d’intégration, particulièrement à l’époque fordiste durant laquelle l’entreprise insérait immédiatement le nouvel employé dans un groupe actif auquel il s’identifiait. Enfin, le travail responsabilise l’individu et le constitue en individu social. Attaché au rôle que la société lui a attribué, l’individu est amené à dépasser ses inclinations premières et àdonner le meilleur de soi même pour réaliser sa tâche. Le travail enseigne ainsi le sens du devoir.
Valeur
Pour les Grecs, le travail (« ponos » en grec, la peine) était l’un des maux contenus dans la boîte de Pandore, la première femme créée par Zeus. Cédant à sa curiosité, Pandore ouvrit la boîte secrète et libéra ainsi sur Terre les maux qu’elle contenait. Le travail était donc une…