Les Grands Courants du XIXe Siècle
En France, le XIXe siècle est délimité par deux bouleversements importants. On le fait commencer à la Révolution française en 1789 et on le fait terminer à la Première Guerre mondiale. La période entre ces deux événements est caractérisée par de profonds changements sur les plans politique, économique et social. Plusieurs changements de régime, la Révolutionindustrielle et l’évolution des sciences ont influencé la vie des citoyens français du XIXe siècle. La littérature porte les traces de cette époque troublée. En examinant les grands courants littéraires du XIXe siècle, on trouve différentes réactions à la nouvelle vie de l’époque.
Dans le cadre de ce travail, trois de ces grands courants seront présentés : le romantisme, le réalisme et lenaturalisme. Pour expliquer leur émergence et leur développement, on s’intéressera au contexte social.
Le premier grand courant qu’on peut identifier au XIXe siècle est le romantisme. Selon Ferran/Schvalberg (2001) le but de la génération romantique française était de « traverser une époque troublée dont elle envisage l’instabilité avec angoisse » (Ferran/Schvalberg 2001 : 4). Le sentiment del’instabilité marquera ses œuvres à juste titre. Comme on a déjà mentionné plus haut, l’instabilité du pouvoir politique est évidente à l’époque. En moins de 35 ans, la France sera gouvernée par trois différents souverains. Sur un plan économique, la Révolution industrielle changera massivement le panorama social. Le phénomène de l’urbanisation entraîne la paupérisation partielle de la société et provoque,par conséquent, l’angoisse et l’incertitude. La question de la place de l’individu dans un tel système est omniprésente dans la société ainsi que dans la littérature.
Avant d’essayer de trouver une réponse à cette question dans la littérature de l’époque, il faut faire remarquer que poser cette question est déjà révolutionnaire. Les besoins et les valeurs de l’individu étaient, jusque-là,rarement considérés. Peut-être que cela peut s’expliquer par le fait que, jusque-là, les individus connaissaient leur place dans la société, parce que la dernière était rigoureusement structurée, car hiérarchisée. On obtenait sa place par sa naissance, par sa classe sociale. Même en France du XIXe siècle, le milieu est peu favorable à exprimer des problèmes individuels, parce que l’idéologienationaliste domine le pays. Les romantiques, cependant, s’intéresseront à ces problèmes.
Un des premiers auteurs à décrire les problèmes de l’individu à l’époque est Chateaubriand (1768-1848). Sa vision de la société est pessimiste. L’individu ne trouve plus sa place dans une société qui est caractérisée par une crise des valeurs et une perte de sécurité au niveau social. L’individu finit par souffrirune crise d’identité, ce qui constitue, selon Chateaubriand, le mal du siècle. Chateaubriand est le premier à utiliser ce terme du « mal du siècle » qui deviendra un thème récurrent du romantisme. Le thème réapparaît, par exemple, chez Lamennais (1782-1854). Dans son Essai sur l’indifférence en matière de religion (1820), il va mettre l’accent sur les problèmes religieux. Selon lui, le mal du siècleest la crise de la religion, de toutes les croyances. Stendhal (1783-1842), dans La Chartreuse de Parme (1939), présente aussi une crise d’identité. Son héros est perdu entre deux silhouettes : celle de Napoléon, son père idéologique, et celle de son père biologique. Ici, Stendhal soulève la question de la légitimation et de la filiation.
Quelle que soit la vraie raison de ce « sentimentdouloureux d’un désaccord entre le moi et le monde » (Rey 1993 : 68) au XIXe siècle, il est évident que l’individu souffre suite à une rupture des structures. Cette souffrance est, certes, une sensation douloureuse, mais elle servira de source d’inspiration aux écrivains romantiques. Les écrivains romantiques prennent parole pour l’individu qui n’arrive pas à s’exprimer dans la société où il…