Reflexion sur l’avenir de l’agriculture

Aujourd’hui, c’est l’ouverture du Salon de l’Agriculture. Le dernier de Jacques Chirac, dont le départ est pleuré par la FNSEA. C’est certain, un ami comme celui-là, aussi dévoué à leurs intérêts, aussi constant dans la défense du monde agricole, ils ne sont pas prêts d’en trouver un autre. Pourtant, la vie continue et l’avenir de l’agriculture française n’est pas très rose.

Le salon del’agriculture est le seul point de rencontre entre le monde agricole et les urbains que nous sommes majoritairement. Il se résume malheureusement à une série de clichés (le cul des vaches, la dégustation de produits régionaux). On y amène les enfants comme on va au zoo, pour voir les animaux et les paysans. Ce n’est pas pour autant que l’on ressort mieux informé de la réalité du monde agricole. C’est legrand drame de ce secteur que de ne pas savoir vaincre les clichés et montrer ce qu’il est réellement.

Aujourd’hui, l’agriculteur n’est plus le paysan d’il y a 50 ans. C’est un chef d’entreprise, qui doit réaliser des investissements, remplir une foule de papiers, pour tenter de tirer un revenu de son activité. Il a fait des études (on ne s’installe pas agriculteur en dessous de bac+2), ilaspire à une vie normale, avec des loisirs, une sécurité et une visibilité dans son travail. Le français moyen ne se rend absolument pas compte des contraintes qui pèsent sur les agriculteurs et notamment les éleveurs. Les investissements de départ peuvent être lourds, car le prix des terres est assez élevé, surtout dans les zones d’élevage. Il doit aussi investir considérablement, dans les bâtimentsqui doivent être aux normes sanitaires et environnementales, dans l’alimentation des animaux. Les revenus qu’ils peuvent tirer de leur activité sont aléatoires, les prix agricoles étant cycliques. Régulièrement, des crises apparaissent, avec une chute des cours qui peuvent plonger en dessous du coût de revient. Comment fait-on dans ces cas-là pour rembourser les emprunts (le crédit agricole n’estpas une fondation philantropique) et faire vivre sa famille ? Une année peut être bonne sans qu’on ait l’assurance que la suivante le sera, entre les cours qui peuvent baisser, une maladie, un parasite ou simplement une sécheresse qui font chuter les rendements. Les agriculteurs sont des gens qui sont bien au delà des 35 heures. Quand on a des vaches à traire, c’est deux fois par jour, dimanchecompris. Pour prendre des vacances, il faut payer un remplaçant. Et quand au bout du compte, on s’en tire avec un peu plus du SMIC, il faut vraiment aimer son métier pour continuer.

Cela, un certain nombre ne l’entendent pas, et surtout, ne veulent pas l’entendre. Aux premiers rangs de la mauvaise foi, on trouve des soi-disant écologistes plus ou moins politisés, dont les pires sont ceux qui seprésentent comme agriculteurs, comme Joseph Bové. Ils sont suivis dans leur action par nombre d’urbains pour qui la campagne et le monde rural sont avant tout un espace de loisir et de détente. Ils veulent absolument tout sanctuariser, supprimer tout ce qui, pour eux, représente une nuisance. Surtout pas de bruits, pas d’odeurs, pas d’activités « choquantes » pour leur petite sensibilité (la chasse)pas de bâtiments autres que « les fermes typiques ». C’est le hameau de la reine Marie-Antoinette, mais sur l’ensemble du territoire. Suivant cette logique, c’est aux « autochtones », aux ruraux de s’adapter et de s’aligner. Et on s’étonne après de l’accueil que réservent les chasseurs à Bougrain-Dubourg ou à d’autres « urbains » qui viennent leur dire comment ils doivent vivre et ce qu’ils ont ledroit de faire. Les plus radicaux des urbains sont sur une logique simpliste : « l’agriculture provoque des nuisances, supprimons l’agriculture ».

Lacher notre agriculture, ce serait une grave erreur. Nous en avons besoin pour plusieurs raisons. Le premier enjeu est stratégique. Il faut absolument conserver une auto-suffisance alimentaire, ne pas dépendre des autres pour notre nourriture. Le « food…