Cinq façons d’enseigner

REgard socio-politique sur cinq façons d’enseigner…contribution de Charles Pepinster, pour Périple en la demeure

Vers une cohérence entre pratiques pédagogiques et modes d’évaluation. Regard socio – politique sur cinq façons d’enseigner.
Si l’on veut l’appropriation du contenu d’un cours par les étudiants eux-mêmes, comment s’y prendre ? Pourquoi ? Quels cours ? Osons dire – presque – tousles cours, à partir de DOCUMENTS remis aux élèves…Ou à partir de manuels, d’encyclopédies, de journaux, d’articles Internet, de films… Des exemples : Ecologie : cycle du carbone et de l’azote. Linguistique : grammaire structurale et grammaire générative. Mathématiques : les multiplications musulmane et canadienne. Pédagogie : Montessori et Fröbel. Pour ou contre les examens notés. Grammaire :conjonction et préposition. Sciences naturelles : le renne et le lama. Langue espagnole : ser et estar .Géologie : la tectonique des plaques à partir de deux sources documentaires…
1ère façon : A la chaire, il explique ses documents, écrit au tableau. Les étudiants, eux, notent, posent parfois des questions. Parfois aussi le professeur, c’est lui, interroge l’un ou l’autre apprenant qui réponddocilement, observé par tous. Le cours continue. Silencieux. Passifs, mais pas pour longtemps, une interro suivra qui obligera les apprenants à s’approprier eux-mêmes la matière. A eux – le plus souvent- de se débrouiller pour choisir les moyens d’apprendre : empirisme, méthodes venues d’ailleurs, précepteurs coûteux, groupes spontanés d’étudiants où l’idée de « couler » un concurrent est absente ou non.Cet enseignement logocentrique s’apparente à la scholastique. Il tendrait à développer la dépendance, la soumission.
2ème façon : Le professeur distribue des feuilles de son cours et dit : « Lisez ». Les étudiants ne lisent guère en profondeur ; non motivés, ils survolent le plus souvent, ils attendent la suite connue : le professeur interroge .C’est la méthode socratique, également centrée surle « logos » où le Maître accouche les esprits (maïeutique) : des doigts se lèvent, un élu donne sa réponse que le professeur commente. D’autres questions entraînent des échanges élèves – professeur sans concertation entre pairs .Pourtant, certains professeurs proposent des défis… Une interro suivra : questions inattendues – habituellement – réponses écrites individuelles. Notes sur 10 ou 20,dénoncées aux parents. Ici aussi, soumission,… et compétition .en plus.
3ème façon : Le professeur distribue des feuilles et dit : « Lisez et répondez aux questions ». Souvent il s’agit d’un travail individuel. Le professeur circule et s’arrête ça et là pour stimuler l’ardeur de tous, pour interroger en particulier tel ou tel élève, le soutenir voire même introduire une dynamique« construction/émancipation », comme me le dit Philippe Meirieu..En général, il collecte les bonnes réponses, les écrit au tableau ; les apprenants sont priés de les noter et de les étudier chez eux. Une interro suivra. Comme d’habitude celle-ci comportera des questions gaussiennes (faciles, moyennes, difficiles) augure d’un classement également gaussien des résultats : réussites, échecs…avec tous les effets toxiquesbien connus : stress, vanité, honte, élitisme, suicide… Il s’agit ici d’un aménagement de surface du même système logocentrique. – – – – – – *Remarque : dans les trois cas cités, certains professeurs sont des Maîtres révérés, plébicités.
4ème façon : Le professeur propose un questionnaire en amont. Les étudiants tentent d’y répondre, seuls puis en groupes à partir de leurs conceptions mentales,de leurs savoirs antérieurs, de leurs intuitions. Ensuite seulement, le professeur donne ses feuilles. Les étudiants, à nouveau seuls, puis en groupes, cherchent puis affichent leurs réponses. La lecture comparée des affiches et la participation du professeur permettent d’affiner l’appropriation de la matière. La recherche est activée. On a affaire là à une séquence « Ecole active »,…