La mort de jean philippe x

L’impossibilite? du couple est le sujet me?me d’Aure?lien de?clare Aragon dans sa pre?face (e?crite en 1965 ne l’oublions pas). Il invoque le de?calage du? a? la guerre : apre?s la guerre, la femme est parvenue a? « un autre stade de pense?e » que l’homme – Be?re?nice ne se situe plus au me?me niveau qu’Aure?lien (15). E?clate a? la fin du roman le « divorce » de leur vie et celui de « leurside?es » (16). Aragon rame?ne aussi cette proble?matique a? un drame personnel exprime? dans « Il n’y a pas d’amour heureux » (cf de?veloppement d’Aragon, 17)
On peut se demander si le livre est aussi de?monstratif que le sugge?re la pre?face. Aragon veut-il montrer que le couple est impossible en ge?ne?ral, ce a? quoi on a souvent re?duit cette formule « il n’y a pas d’amour heureux » ? Nes’attache-t-il pas pluto?t a? montrer que le couple est impossible dans certaines situations, eu e?gard a? un contexte historique, sociologique ?
Aure?lien peut-il se re?duire a? un « discours » sur l’impossibilite? du couple (on serait alors dans le roman a? the?se). Et puis de quel(s) couple(s) s’agit-il ? Celui forme? par Aure?lien et Be?re?nice est purement fantasmatique : leur histoire n’advient pas,comme le note Be?re?nice elle-me?me « c’est fini, Aure?lien et moi. Fini sans avoir commence? » (LXIII, 521). Aure?lien fait la me?me analyse: «Voyons, parler de l’e?chec de l’amour a? propos d’une histoire pareille, interrompue a? son de?but » (E?pilogue, VII, 694). Finalement, s’attachant a? mettre en e?vidence l’impossibilite? du couple, Aragon ne parvient-il pas aussi a? mettre en cause le romandu couple, en somme les codes du traditionnel roman d’amour ?
On verra donc (1e?re partie) comment Aragon construit le roman d’amour d’Aure?lien et Be?re?nice en contrepoint d’une galerie de couples. On s’attachera ensuite a? la dimension « de?monstrative » du roman : elle met en e?vidence l’impossibilite? d’un couple fonde?e sur un amour authentique dans le monde re?el bourgeois et mondain del’apre?s- guerre. Enfin (3e partie) on verra comment Aragon de?joue les codes du roman d’amour et fait d’Aure?lien un roman de?ceptif (de?ception par rapport aux attentes).
Il n’y a pas un couple, mais des couples dans Aure?lien. Aure?lien et Be?re?nice constitue-t-il un couple ? Justement leur couple ne se forme pas, ne de?passe pas le stade de l’e?bauche. A? l’inverse, de nombreux autres coupless’agitent en arrie?re-plan de la fiction principale (ou paralle?lement a? elle) et constituent des repoussoirs a? leur histoire d’amour.
A. INVENTAIRE DES COUPLES ET DES LIAISONS
Conforme?ment au pacte de vraisemblance re?aliste, les personnages du roman d’Aragon sont apparie?s, comme dans la vie. Il y a ainsi :
a. Les couples officiels
Edmond-Blanchette : se termine dans des histoires d’argent(cf 618)
Be?re?nice-Morel : se termine par un adulte?re a? domicile, tole?re? par l’e?pouse, le pharmacien couchant avec son employe?e Gise?le
Decœur-Rose Melrose (fin 639) : ils se se?parent L’oncle Blaise et tante Marthe : seul couple qui tienne Les parents d’Aure?lien e?taient de?sunis ; me?me chose pour ceux Be?re?nice qui se sont se?pare?s, la me?re est partie
avec son amant. Armandine etJacques Debrest (chapitre 4) Les Floresse, Gontran et Re?gine (624) Le couple ame?ricain des Murphy a? Giverny, Archie et Molly qui a le diable au corps (519) Aure?lien-Georgette dans l’e?pilogue (654) Une se?rie de couples croise?s rapidement dans les sce?nes mondaines, au vernissage Zamora ou a? la soire?e
costume?e du duc de Valmondois : Jacques Schoelzer et son e?pouse (338), le colonel Davidet sa femme… Les Honfrey (Charles, l’ami d’Aure?lien et sa jeune femme) Les Me?nestrel (chapitre 74) Les Barbentane : Philippe et Esther (mais on ne les voit pas ensemble, dans le chapitre 17 Esther est chez son
fils ; dans le chapitre 54, Philippe se trouve avec sa mai?tresse au caveau circassien, 456) Les couples officiels apparaissent souvent comme des associations financie?res….