Ce texte est un extrait de l’épilogue du roman L’Etranger de Albert Camus, grand écrivain du XXème siècle, qui, avec L’Etranger en 1942, accède à la célébrité. Il met en scène Meursault, le personnage principal accablé par son quotidien, refusant de jouer le jeu du conformisme social, il vit au jour le jour.
L’Etranger retrace une partie de la vie de cet employé de bureau qui tient unesorte de journal de bord dans lequel le lecteur plonge dans le quotidien de cet individu. Un jeu de circonstance l’amène à tuer un arabe.
A l’article de la mort, l’aumônier pénètre dans la cellule de Meursault, la conversation s’engage entre les deux hommes, les paroles de douceur et d’espoir mettent Meursault hors de lui ; la tentative de repentir Meursault échoue et ce dernier se précipitesur l’aumônier le saisit au collet et l’insulte, c’est alors que Meursault a une terrible révélation : tout homme naît pour mourir, d’une façon ou d’une autre nous sommes tous destinés à mourir.
Le passage est un long pathétique mais à la fois tragique monologue où s’opposent la croyance et la réalité, la révolte, les pensées enfouies et la nuit estivale mais aussi deux subjectivités : celledu condamné et la condition humaine. Comment Meursault réagi-t-il dans l’épilogue ?
Deux axes de lecture constitueront notre étude, le premier : La révolte de Meursault et le second, le regard de Meursault « l’homme absurde » sur la vie.
Meursault a toujours fait preuve d’impassibilité, là, dès le premier paragraphe, la colère l’a envahit sans qu’il ne sache réellement pourquoi « alors,je ne sais pas pourquoi, il y a quelque chose qui a crevé en moi ». On remarque le champ lexical de la colère qui peint l’atmosphère dans la cellule, citons « je me suis mis à crier à plein le gosier », « je l’ai insulté », « pris par le collet », « je déversais sur lui tout le fond de mon cour avec des bondissements mêlés de joie et de colère », un peu plus loin nous avons « j’étouffais en crianttout ceci ».
Pis encore, il y a ce manque de respect, cette violence sans pitié pour cet envoyé de dieu qui tente de discuter « il n’était sûr d’être en vie puisqu’il vivait comme un mort » (ligne 11), ici, nous sommes en présence de la pensée athée que nous développerons un peu plus loin.
A partir de la ligne 11, il y a cette réaffirmation de soi dans le fil conducteur de ce longmonologue qui marque d’une certaine façon l’apogée du texte. C’est le début d’une remise en question qui sera marquée entre autres par des phrases de types oratoires et des « flash-back ».
La colère de Meursault se traduit également par une colère physique, nous citons « moi j’avais l’air d’avoir les mains vides » (l.11 et 12), nous remarquons que c’est une façon tacite de faire allusion aupoids de l’aumônier qui importe peu dans un cas d’extrême colère.
Auparavant, Meursault ne prenait pas beaucoup de recul, il ne faisait pas d’allusion à l’avenir, preuve de cette stabilité de pensée, il est retranché de la vie, il sort du corset du temps « sûr de ma vie et de cette mort qui allait venir » (l.14).
A partir de la ligne 17, outre les répétitions du verbe « avoir » à lapremière personne du singulier de l’imparfait, c’est-à-dire 7 occurrences à chaque début de phrases. Meursault n’écoute que lui, seules ses convictions sont vraies. Il se suffit à lui-même « j’avais eu raison, j’avais encore raison, j’avais toujours raison » (l.18).
La forte révolte de ce condamné à mort confère à sa vie son prix et sa grandeur, elle exalte l’intelligence et l’orgueil decelui-ci.
Il y a une remise en question prédominante avec l’énoncé des actes acquis, des faits et leurs paradoxes, c’est un véritable retour en arrière (l. 17 a 22).
En outre : la raison, la vie, le fait accompli ou du non accompli, soulignent ce constat. Ils sont les thèmes forts.
A la ligne 22, la question oratoire « et après ? » montre le côté ridicule d’une vie vouée dès le…